Sommaire

1. Introduction *

2. Partie théorique : présentation de l’outil informatique. *

2.1. Le cadre institutionnel de l’utilisation de l’outil informatique. *

2.2. Pourquoi l’utiliser, que permet-il ? *

2.2.1. L’approche tutoriel *

2.2.2. L’approche procédurale *

2.2.3. L’approche consultative/communicative. *

2.2.4. L’interactivité *

2.2.5. La pédagogie différenciée ; rythme individualisé ; autonomie *

2.3. Le rapport entre la surdité et l’informatique. *

2.4. Internet. *

3. Partie théorique : l’écrit avec les enfants sourds. * 3.1. Difficultés des enfants sourds devant l’écrit *

3.2. Moyens pour améliorer la production écrite avec les enfants sourds. *

3.3. Rôles du maître *

4. Projet pédagogique * 4.1. La classe de voile *

4.2. Préparations avant la classe de voile. *

Séance n° 1 : présentation de la classe de voile aux enfants. *

Séance n° 2 : Initiation à internet. *

Séance n° 3 : La notion de sécurité avec les enfants. *

4.3. Encadrement pendant la classe de voile *

4.4. Exploitation pédagogique après la classe de voile *

4.4.1. Création du journal de classe. *

4.4.2. Compte rendu de nos visites. *

4.4.3. Correspondance  par internet : faire part de notre travail *

5. Limites de l’outil informatique *

6. Conclusion *
 
 

  1. Introduction

  2. L’informatique s’est démocratisée au point de devenir une composante domestique courante, un outil presque indispensable dans la vie économique, et depuis un certain temps un outil que nous pouvons trouver dans le domaine de l’enseignement.

    En Polynésie Française, à Tahiti, dans le centre spécialisé où je serai amené à enseigner avec des enfants déficients auditifs, le C.E.D.O.P s’est doté de plusieurs ordinateurs. Dans notre région, l’outil informatique représente un moyen idéal pour s’évader, pour acquérir de nouvelles connaissances, pour communiquer entre îles. J’ai eu l’occasion de l’utiliser avec des élèves entendant mais pas durablement.

    Cette année de formation m’a permis de comprendre les difficultés rencontrées par les enfants sourds sur le plan scolaire, social et professionnel. Au début de l’année, un formateur nous a fait une intervention sur les applications de l’outil informatique dans le domaine de l’adaptation et l’intégration scolaire.

    J’ai pu remarquer au cours de mes stages et de mes échanges que les enfants sourds avaient des difficultés au niveau de la production d’écrits. J’ai pensé qu’il serait intéressant de voir comment l’ordinateur peut aider l’enfant sourd à l’écrit. Dans quelles activités ? Quelle place donner à cet outil ?

    Dans les deux premières parties, je parlerai respectivement, d’un point de vue théorique, de l’ordinateur, ce qu’il permet, puis des difficultés de l’enfants sourd dans la langue écrite. Je consacrerai une autre partie à un projet pédagogique axé sur la production d’écrits – création d’un journal de classe, correspondance – avant de recenser des limites de son utilisation et enfin de conclure.
     
     
     
     
     
     
     
     

  3. Partie théorique : présentation de l’outil informatique.

  4.  

     

    1. Le cadre institutionnel de l’utilisation de l’outil informatique.
Plusieurs circulaires mentionnent l’usage de l’outil informatique à l’école. - Les programmes et instructions ( arrêté du 15 mai 1985 ) dont les trois axes principaux sont : - La circulaire du 11 juin 1987 précise les trois objectifs qui justifient l’introduction de l’informatique à l’école : La circulaire parue dans le Bulletin Officiel du 2 juillet 1998 renforce l’idée que l ‘usage des technologies de l’information et de la communication ne doit pas être conçu comme une pratique isolée, mais comme un élément structurant autour duquel peuvent s’organiser et se mettre en cohérence l’ensemble des activités pédagogiques.
    1. Pourquoi l’utiliser, que permet-il ?

    2. Le rôle fondamental de l’introduction de l’informatique à l’école est non seulement de permettre aux jeunes, qu’ils soient handicapés ou non, d’accéder à la connaissance puis d’en acquérir de nouvelles, mais plus encore, de leur donner les moyens d’accéder par eux mêmes aux savoirs par la maîtrise de nouveaux outils. Divers approches sont envisageables dans l’utilisation de l’ordinateur avec l’enfant sourd.
       
       

      1. L’approche tutorielle

      2. L’ordinateur et ses logiciels peuvent être considérés plutôt comme une sorte de répétiteur. L’enfant est seul devant l’ordinateur. L’ordinateur permet ici de motiver l’apprentissage et de l’adapter en fonction du niveau scolaire des élèves. Cette approche nécessite cependant la lecture de consignes à l’écran. Bien que celle-ci soit assez limitée chez bon nombre de jeunes sourds, il est possible, avec un logiciel ouvert, d’insérer des exercices préalablement vus avec les élèves.
         
         

      3. L’approche procédurale

      4. Cette approche ne vise pas l’apprentissage de nouvelles connaissances mais plutôt la structuration de la pensée, le développement de stratégies et le plaisir d’inventer. L’enfant interprète ses actions, ses procédures, en fonction de la " réaction " de l’ordinateur, il apprend à créer. Ce peut être la démarche LOGO et plus particulièrement le micro-monde de la tortue. Ce sont aussi d’autres outils de construction tels les logiciels de dessins.
         
         

      5. L’approche consultative/communicative.

      6. Elle est très importante dans notre cadre de vie insulaire et surtout pour les enfants sourds. Cet aspect de prises et d’échanges d’informations à distance, par l’intermédiaire du minitel ou d’Internet, est très précieux à l’intégration sociale de nos jeunes sourds. Les frontières à l’accès à l’information sont ainsi brisées. Le réseau Internet est très utile dans ce domaine. Cependant, il faut prendre soin de vérifier la véracité des informations recueillies.

      7. L’interactivité

      8. L'interactivité est la propriété de ce qui permet un échange.

        En informatique, le terme s'applique à plusieurs situations de communication, plusieurs types de dialogues établis entre une machine et un utilisateur par l'intermédiaire d'un écran de visualisation. La notion de "dialogue" implique l'échange et le choix.

        Pour Eimerl Kamila, " un logiciel interactif est donc par définition destiné à émettre des messages en vue de modifier les conduites de l’usager et de modifier son propre fonctionnement en recevant les messages de ce dernier. "

        Autrement dit, lorsqu’un élève utilise un logiciel d’entraînement à la lecture comme Lectra dans un exercice de closure, un texte avec des mots manquants, il essaie de trouver le mot juste en fonction du contexte. L’ordinateur ne se contente pas de valider ou de refuser la réponse mais il apporte une aide dans le sens où il affiche une liste de mots susceptibles de correspondre à la solution. Dès lors, l’enfant trouve le mot juste à l’aide d’indices : le sens du mot, la taille du mot…Chez l’enfant sourd, l’accès au sens est très difficile. Bien souvent, après de multiples essais, l’élève est toujours en situation de réussite. C’est un élément motivant pour lui.

        Wallon et Piaget ont montré que la pensée naissait de l’action. C’est très exactement ce glissement de l’acte à la pensée que l’ordinateur soutient et impulse. Dans son livre " L’enfant à l’ordinateur " Daniel Calin écrit "  l’ordinateur établit une relation dynamique permanente entre l’acte et sa représentation. Il assure ainsi un étayage direct de l’activité mentale dans son cours même. "

      9. La pédagogie différenciée ; rythme individualisé ; autonomie

      Dans ma classe, je pense réussir à m’équiper d’un ou deux ordinateurs. Dans ce cas, un nombre limité d’élèves pourra utiliser les outils informatiques en même temps. L’effectif réduit de ma classe doit permettre un roulement assez rapide des élèves sur les postes informatiques. Toutefois, la conception pédagogique devient alors très différente du fait que tout le monde ne passe pas en même temps. L’ordinateur contribue comme un appui à l’enseignement dispensé dans la classe. Il permet ainsi de placer des élèves dans une tâche autre que celle des autres et adaptée à son niveau.

      Pour que les élèves adoptent un comportement autonome, il faut que le travail qu’ils effectuent présente pour eux un intérêt personnel. La condition première est que ce travail réponde à un projet les impliquant personnellement. C’est ce que je monterai au travers de la correspondance que nous mettrons en place. L’autonomie c’est aussi la liberté de choisir son média. L’enfant peut aussi bien choisir le support papier ou utiliser l’ordinateur. Mais surtout, elle signifiera que l’enfant saura trouver lui-même les sources du savoir.

      L’ordinateur permet d’apporter des activités pédagogiques de soutien, de consolidation, en fonction du niveau de l’élève et présente en outre l’avantage d’éliminer les problèmes liés à l’affectif. Les élèves peuvent ressentir les corrections de l’enseignant comme un redressement de leurs erreurs, mais aussi comme une dévalorisation personnelle. L’ordinateur lui est impersonnel. Quand l’ordinateur fait apparaître une erreur, l’enfant l’accepte mieux que venant d’une personne avec laquelle il entretient des liens affectifs.

      Si l’ordinateur permet divers approches avec l’enfant sourd dans le cadre de leur éducation, il convient néanmoins de préciser le rapport entre la surdité et l’informatique.
       
       

    3. Le rapport entre la surdité et l’informatique.

    4.  

       
       

      L’utilisation de l’outil informatique avec des enfants sourds nécessite une entrée dans la lecture et par conséquent dans l’écriture. Cette exigence est toujours de mise à l’heure où le minitel, la télécopie puis les réseaux électroniques ont ramené l’écrit au premier plan.

      La maîtrise du langage écrit demeure une condition incontournable d’intégration scolaire, sociale, culturelle et professionnelle. Cependant, elle nécessite, en préalable, l’acquisition du langage oral. La maîtrise de l’oral facilite l’apprentissage de l’écrit. Or, pour un enfant né sourd, apprendre l’écrit n’est pas chose évidente dans la mesure où le langage oral n’est pas sa langue première. Si l’apprentissage de l’écrit est possible pour un sourd, cela nécessite néanmoins d’établir mentalement des correspondances entre les formes auditives et les formes écrites de la langue.http://www.selos.org/surdite/surdite_et_ntic.htm/t_top - SURDITÉ ET NOUVELLES TECHNOLOGIES

      http://www.selos.org/surdite/surdite_et_ntic.htm/t_top - SURDITÉ ET NOUVELLES TECHNOLOGIES

      http://www.selos.org/surdite/surdite_et_ntic.htm/t_top - SURDITÉ ET NOUVELLES TECHNOLOGIES
       
       

      Dans la mesure où l’écrit demeure prédominant, malgré les avantages du multimédia permettant l’association active de l’image et du texte, les nouvelles technologies de l’information et de la communication peuvent être incommodantes. En effet, Internet et sa masse d’informations écrites relancent un processus d’exclusion dans ce sens où l’écrit demeure omniprésent et difficile pour l’enfant sourd. Néanmoins, ces nouveaux outils multimédias et interactifs peuvent s'avérer de réelles aides à la communication et à l'accès aux informations. Ils peuvent devenir la condition et la possibilité d'insertion des sourds dans l'espace public, diminuer de ce fait le poids de la marginalisation.

      D'un point de vue plus large, le concept même de l'informatique - en tant qu'aide technique - est suffisamment accessible aux sourds dans la mesure où l’on peut contourner le concours de l’ouïe. Les sourds peuvent donc utiliser l'outil informatique pour écrire - ce sont les logiciels de traitement de textes - et pour apprendre et s'informer (Cédéroms, Internet) .
       
       

    5. Internet.
Internet est un ensemble de réseaux d’ordinateurs répartis dans le monde entier, connectés entre eux et utilisant le même langage de communication. Les utilisateurs d’Internet peuvent donc quelque soit leur position géographique et de manière presque instantanée accéder à une masse d’informations et à communiquer entre eux grâce à la messagerie électronique et à la création de site Internet.

Internet enrichit encore la palette des scénarios pédagogiques à disposition des apprenants et des enseignants pour favoriser l'acquisition des savoirs et des compétences. Il faut le considérer comme un nouveau vecteur de médiation. Au demeurant, cette tendance s'inscrit dans les récents courants pédagogiques qui établissent que le développement cognitif est favorisé lorsque l'apprenant entre en relation avec des médiateurs diversifiés. En outre, les dernières théories de l'apprentissage, issues des approches socio-constructivistes et métacognitives, mettent l'accent sur l'émergence des savoir-faire (sans toutefois renier l'importance des contenus). Ce sont ces compétences que l'outil Internet permet d'exercer, d'activer et de développer.

Dans le projet pédagogique développé au paragraphe quatre, Internet trouvera sa place dans une utilisation en tant qu’outil de recherches documentaires, puis en tant qu’instrument permettant d’établir des correspondances. L’enfant sourd peut étayer ses connaissances par l’intermédiaire d’Internet car beaucoup d’illustrations y figurent lesquelles sont très souvent accompagnées d’écrits.
 
 

  1. Partie théorique : l’écrit avec les enfants sourds.
    1. Difficultés des enfants sourds devant l’écrit

    2.  

       
       

      L’enfant entendant s’appuie sur la langue orale pour entrer dans l’écrit. Or la déficience auditive prive les élèves sourds de ce bain de langage. L’enfant sourd manque donc de vocabulaire et de représentations phoniques. Seul l’enfant sourd de parents sourds pratiquant la L.S.F va acquérir cette dernière comme une langue maternelle, sans intervention extérieure à la famille. Il en résulte que la langue française ne s’acquiert pas de façon naturelle et spontanée chez l’enfant sourd.

      L'enfant sourd éprouve de grosses difficultés dans l'acquisition du français écrit, difficultés liées à sa déficience auditive et à son manque de maîtrise d'une langue orale. A l'inverse de son homologue entendant, il ne connaît la langue qu'après qu'on la lui a enseignée. Ce procédé pose problème car l'enfant utilise souvent les schèmes que le maître lui présente dans un contexte précis, sans les modifier comme des modèles immuables et difficilement transposables dans d'autres situations. L'enfant a donc tendance à reproduire des énoncés plutôt qu'à les créer. Je pense que la correspondance peut lui a apporté beaucoup.
       
       

      Une autre difficulté que rencontrent certains scripteurs sourds résiderait déjà dans l'organisation logique d'un récit. La structure d'un texte n'est pas implicite comme elle pourrait l' être chez les entendants. L' enfant entendant a accès par imprégnation (notamment par le biais des histoires qu'on lui raconte, par le cinéma ou la télévision) à une partie importante des procédés de structuration du récit. Ce n' est pas le cas de l' enfant à audition déficiente qui ne se trouve pas en position favorable pour s' approprier les outils qui contribuent à en articuler les différents éléments structurels.

      Non seulement un texte se doit d'être organisé en phrases, en paragraphes mais il nécessite également une certaine articulation entre ces divers éléments. L'utilisation de matériaux d'enchaînement est primordiale à la bonne lisibilité d'un texte. Or les connecteurs de temps (puis, dès que, pendant...) et de logique (car, ainsi, mais, cependant.) qui lient entre elles les phrases ou propositions sont souvent inexistants ou mal employés.

      On constate que la conjugaison ne pose pas de problème. En général les enfants sourds assimilent assez bien les différents temps des verbes et la morphologie verbale est correcte (hormis les verbes complexes tels que mourir, naître...). Les exercices systématiques de conjugaison sont en l'occurence bien maîtrisés. Les difficultés surgissent quand il s'agit de ré- investir ces connaissances. Les élèves ne savent pas à quels moments on utilise les différents temps et c'est là une des grosses difficultés à surmonter. On retrouve cela avec des élèves entendants.

      Les phrases doivent être syntaxiquement acceptables c'est-à-dire qu'il faut se poser la question de savoir si elles sont grammaticalement correctes. Je pense que c'est bien là que réside la principale difficulté pour les enfants sourds. En lisant leurs écrits, ils nous apparaissent comme une espèce de "petit nègre". Ils présentent en effet d'énormes manques au niveau de la syntaxe. Beaucoup de difficultés sont rencontrées dans l'utilisation des déterminants et des pronoms de reprise. Or pronoms et déterminants obéissent à des règles précises, fixées par la syntaxe. Cet aspect, à Tahiti, est rendu plus difficile à cause de la syntaxe propre à la langue Polynésienne qui inverse le sujet et le verbe.

      Un autre type d'erreurs qui rend les phrases syntaxiquement fausses est l'absence de certains mots ou groupes de mots qui sont pourtant obligatoires. Je pense notamment à certains verbes transitifs qui nécessitent la présence d'un complément d'objet direct. Ainsi, on peut voir des phrases comme "Les trois brigands emportèrent dans leur cachette". Cette phrase n'est pas convenable. Le verbe "emporter" doit être accompagné d'un complément.
       
       

      Pour terminer cette partie, en m'appuyant sur mes constats, mes échanges et mes diverses lectures il n'est pas hasardeux d'écrire que les textes de beaucoup de personnes sourdes reflètent d'énormes lacunes au niveau syntaxique. Ces lacunes sont supérieures à celles que l'on peut rencontrer dans les écrits des élèves entendants et sont principalement liées à la surdité. Les enfants sourds se trouvent donc défavorisés par ce manque de perception auditive.

    3. Moyens pour améliorer la production écrite avec les enfants sourds.

    4. Le bain de langage : il faut leur raconter des histoires afin qu’ils s’imprègnent, autant que possible, de formes correctes et complexes. Ils développeront ainsi leur imagination. On doit veiller à varier les structures de phrases que l’on utilise, et ne pas toujours les simplifier.

      Il faut inscrire la production d’écrits avec les sourds dans des situations authentiques c’est à dire des écrits dont les lecteurs s’adressent aussi bien à d’autres personnes que le maître . On peut penser à la création d’un journal de classe, la réalisation d’un roman photo ou encore des défi-lecture avec des élèves d’autres écoles par l’intermédiaire de l’internet.

      Par l’utilisation du L.P.C, l’enfant se voit transmettre un langage complet et construit. Cela devrait lui permettre de s’imprégner de l’acquisition du vocabulaire et de la syntaxe. L’introduction des mots outils ( déterminants, connecteurs de temps, de l’espace ) s’en trouverait facilitée.

      Il faudra travailler sur le temps, la chronologie d’un récit à travers de la lecture de contes ou de légendes polynésiennes. L’outil informatique par l’utilisation de logiciels tel ( Conte, Story Write) aide l’enfant sourd à se lancer. L’ordinateur, au travers du logiciel, lui propose une base pour essayer de produire une histoire. Le logiciel respecte la chronologie du récit de la situation initiale à la situation finale. Ce travail sur la chronologie est possible aussi avec le traitement de texte. L’enfant y insère des images qu’il commente. La production d’écrits sera d’autant plus fructueuse si l’enfant fait partie du support image car il aura des choses à dire sur ce vécu.

    5. Rôles du maître
    * Savoir motiver l'élève

    La surdité peut amener l’élève à un état de passivité. Un bon facteur de stimulation à la production est la motivation et le plaisir d'écrire de l'élève. Seulement, ce dernier ne comprend pas toujours le sens de ce qu'il est amené à faire et les situations artificielles d'écriture le mettent souvent dans cette position d'incompréhension. Beaucoup d'enseignants, pour remédier à ce problème, cherchent à mettre en place des situations concrètes et authentiques. Certains collègues ont mobilisé le dynamisme de leurs élèves en proposant une correspondance scolaire. Les enfants n'écrivent plus pour la seule lecture de leur enseignant mais s'adressent à d'authentiques destinataires. Chacun peut prendre plaisir, dans un projet collectif, à apporter sa personnalité propre et sa capacité créatrice.

    * S'assurer la bonne compréhension de la consigne.

    Avant de laisser écrire les enfants, il faut s'assurer que la consigne soit bien comprise. C'est là une des phases importantes en travaillant avec des enfants sourds car souvent, une fois l'activité commencée on se rend compte que la consigne n'était pas assez explicite. Il arrive que le jeune se cantonne à l'un ou l'autre terme qui fait écho dans sa tête et il "fonce" tête baissée sans se prendre le temps de considérer la consigne dans son ensemble. Par exemple pour une consigne donnée comme " écrivez une ou plusieurs phrases en utilisant les mots au tableau ", l’élève peut comprendre qu’il faille écrire des phrases quelconques sans utiliser les mots du tableau. Les consignes, si elles peuvent être données oralement, doivent être écrites au tableau.

    * Mener un travail en groupe
     
     

    Il faut toujours passer par une phase orale et collective avant de faire écrire. La créativité est justement stimulée par ce travail en groupe qui favorise la production, les échanges et la diversification des idées. Dans le livre " l’Enfant Sourd ", les auteurs estiment que dans le domaine d’éducation de l’enfant sourd, plusieurs approches pédagogiques soulignent l’importance des conversations. En classe, il ne suffit pas pour que s’engage une conversation que l’enseignant propose un thème susceptible d’intéresser les élèves, il lui faudra veiller au style de l’interaction.

    Le travail de groupe permet l’apparition d’idées et l’émergence de complémentarités de ces idées. Ces idées seront une base à l’écrit des enfants en respectant la syntaxe, les règles grammaticaux.

    * Donner les critères de réussite

    Il s'agit ici pour le maître de donner les attentes, les conditions à remplir pour que la production soit conforme. C'est comme un sorte de contrat qu'on passe avec les élèves. Ce contrat peut-être oral ou se présenter sous forme de "fiche-contrat". Une telle fiche figure en annexes à titre d'exemple. Il s'agit d'un contrat passé pour rédiger une lettre. Il peut être donné après négociation et production. L'enfant vérifie alors s'il a respecté les différents points cités en phase de préparation.

  2. Projet pédagogique

  3.  

     

    1. La classe de voile

Avec ma classe d’enfants sourds du CEDOP, niveau CM1/CM2 ( Centre de l’Education et du Développement de l’Ouïe et de la Parole) , l’année prochaine, nous allons passer deux semaines en classe de voile. Tous les jours, du lundi au vendredi, le bus de l’école nous emmènera à l’école de voile d’Arue, à dix minutes du CEDOP.

Durant les dix jours de classe de mer, deux demi-journées seront consacrées à la visite du port de Papeete, la capitale, et à la visite du phare de la pointe Vénus, lieu historique où débarquèrent les navigateurs européens.

A Tahiti, l’année scolaire est découpée en cinq périodes scolaires de sept semaines chacune. La classe de voile se fera à la rentrée des vacances de la Toussaint, soit dans la deuxième période. La préparation se fera dans la première période.

Les objectifs pédagogiques sont variés: l'apprentissage de la voile peut contribuer à la construction par l'enfant d'un mode d'équilibration postural adapté à l'évolution sur des supports instables; il peut également favoriser le développement des capacités d'abstraction et de représentation mentale du jeune navigateur (représentation des trajectoires du bateau par rapport au vent).

La voile est, de plus, un puissant moyen pédagogique pour développer des comportements coopératifs ou pour contribuer à une éducation à la sécurité.

Enfin, elle peut faciliter la sensibilisation des jeunes navigateurs au milieu marin et à son écologie, objectif traditionnel des classes de mer.

La navigation sur des bateaux collectifs, des dériveurs ou des catamarans spécifiquement adaptés, peut faciliter notamment le renforcement de l'estime de soi et du sentiment de compétence, le développement de comportements coopératifs, et une plus grande responsabilisation des individus par rapport à un groupe.

Le projet pédagogique sera axée sur la production d’écrits. Il consistera à l’issu de la classe de voile :

Dans ce projet, ce qui me semble particulièrement intéressant, c’est l’utilisation de l’ordinateur comme outil de communication, de production ( du journal )car un journal utilise des caractères d’imprimerie et enfin de recherches. La classe de voile fera l’objet de séances de préparation.
 
 
    1. Préparations avant la classe de voile.

Séance n° 1 : présentation de la classe de voile aux enfants.

Compétence :

Objectifs : Matériel : photos de classe de voile ; un cahier pour la classe de voile.

Mode de communication :

Déroulement :

Ce sera une séance d’échanges oraux. ( gestuels ).

è Où ferons nous de la voile ? Combien de temps ? Leur demander où est ce qu’on peut rechercher des documents sur l’optimist :

è à la bibliothèque ; dans des livres… Aucun document n’est disponible.

Dire aux enfants que nous pouvons essayer de rechercher le schéma d’un optimist sur Internet. Ce sera l’objet de notre deuxième séance.

Un cahier de  classe de voile sera conçu pour chaque élève afin de consigner des traces écrites de toutes les phases préparatrices.
 
 

Réflexions : Les échanges se feront en L.S.F pour les sourds profonds ; en L.P.C pour les enfants qui communiquent verbalement. Il est à noter qu’il n’est pas inutile d’exprimer les consignes dans les deux modes non seulement pour permettre aux enfants de comprendre ce qui se dit mais pour permettre à chacun de s’imprégner des deux modes de communication. Le L.P.C permet l’introduction des mots outils. Pendant les échanges, j’écrirai, les phrases essentielles au tableau afin qu’ils aient un repère visuel, qu’ils associent implicitement les gestes aux mots écrits..

Bien que la L.S.F puisse en partie imager le vocabulaire ( optimist ), il est assez difficile pour les enfants sourds de se le représenter mentalement. Ils aiment avoir une photographie, un schéma pour se rendre compte visuellement de ce que c’est.

Je pense que demander à l’enfant sourd d’écrire une phrase par rapport à ce qui a été dit peut paraître difficile. C’est la complexité qui amène l’apprentissage. Toutefois, pour s’affranchir de sa tâche, il est important que l’enfant ait à sa disposition des outils : des mots ou expressions repères, une base de données lexicales de référence… et bien sûr la médiation du maître. L’affichage dans la classe de telles ressources est nécessaire.
 
 

Séance n° 2 : Initiation à internet.

Objectif général : l’élève découvre Internet comme outil pour faire des recherches.

Objectifs spécifiques :

Les élèves seront capables : Je précise que mon but n’est pas de former des informaticiens mais des élèves qui seront capables de se servir de l’ outil informatique intelligemment.

Matériel : les ordinateurs de la salle informatique.

Préalable : j’aurai vérifié la veille l’existence d’un site où se trouvent des photos de voiliers optimist. Les ordinateurs auront été mis en marche. Organisation : élèves en binôme par poste

Durée : 45 mn

Déroulement :

Réflexions : Avec les élèves déficients auditifs, l’image affichée à l’écran de l’ordinateur, est souvent ludique, elle fascine souvent les enfants et est source de motivation. Exploiter cette fascination et travailler à partir d’un outil apprécié des enfants me paraît important. Devant la diversité des sites souvent illustrés d’images, les enfants sourds aiment collecter beaucoup de documents. Ils auront la possibilité de le faire.

" Si l’image est toujours destinée à illustrer, l’image sur ordinateur devient un instrument conçu pour transmettre plus d’information que les images traditionnelles car elle peut être modelée, manipulée et réorganisé en fonction des objectifs d’une meilleure perception et interprétation de sens. "

Mais en même temps, l’enfant est " plongé " dans un modèle d’écrits. Il aura certainement envie de connaître le contenu du texte d’accompagnement. Il s’en imprègnera.

La troisième séance de préparation de la classe de voile se fera à partir de l’exploitation des documents imagés que les enfants auront imprimés lors de leur recherche. Elle portera sur les mesures de sécurités à respecter.

Séance n° 3 : La notion de sécurité avec les enfants.

Objectif général : Objectifs spécifiques :

- amener les élèves à faire part des mesures de sécurité à partir des documents.

Matériel : Remarque : certaines photos peuvent être trop petites et devront faire l’objet d’agrandissement. L’outil informatique peut rendre ce service au maître dans la mesure où l’on veut garder la couleur. Cette manipulation sera faite par lui, éventuellement avec les enfants. Si l’outil informatique peut apporter une aide aux élèves, il le peut aussi pour le maître. Ainsi, pour faire apparaître les détails, surtout pour les enfants sourds, il est possible de les agrandir.

Déroulement :

Phase d’échanges oraux :

- transcription écrite de leurs observations au tableau. - phase de tri : catégoriser ce qui relève de la sécurité Réflexions pédagogiques : Il est difficile pour des enfants sourds de s’approprier des notions abstraites comme celle de la sécurité. Dans cette leçon, on part du support photographique, donc d’une image, afin d’enrichir leurs connaissances, leurs images mentales. Ils devront dégager des termes rejoignant la notion de sécurité.C’est un pas vers la généralisation de la notion. Ils associeront l’image au mot puis le terme générique. L’échange collectif permet d’attribuer le sens des mots. Lorsqu’il s’agit d’écrire une phrase, l’enfant peut avoir des difficultés dans la mesure où il est possible qu’il se réfère à la L.S.F qui a une toute autre syntaxe, et dont les articles définis et indéfinis n’existent pas. Le L.P.C permet l’introduction de ces mots grammaticaux ainsi que le respect de la syntaxe de la langue française. L’exploitation collective permet aux élèves de voir les erreurs de leurs camarades et ainsi de pouvoir proposer une correction.

L’ordinateur ne vient qu’en aval de cette phase d’exploitation collective, comme outil de stockage, de mise en page.
 
 

    1. Encadrement pendant la classe de voile
L’encadrement pendant la classe de voile sera assuré par le moniteur et le maître de la classe.

La difficulté sera au niveau de la communication : ( lors des cours de voile et des visites )

- les enfants ne portent plus leurs appareils et donc ne perçoivent aucun sons. Cependant l’effectif réduit des élèves permet d’intervenir rapidement avec le bateau du moniteur.

L’instant du déjeuner permettra aux enfants d’échanger avec d’autres enfants entendant.
    1. Exploitation pédagogique après la classe de voile

    2. Avec les enfants sourds, il faut leur annoncer le projet : produire un journal de classe où nous raconterons nos journées afin que d’autres personnes puissent le lire et nous connaître.

      Avec eux, afin de les motiver on discutera sur les raisons de créer un journal : pour y mettre ce que nous écrivons et permettre aux autres ( élèves, parents et correspondants) de le lire ; informer les camarades sur notre activité de voile …
       
       

      1. Création du journal de classe.
Objectifs généraux :
Séance n° 1 : titre ; contenu ; présentation du journal

Objectifs spécifiques :

Matériel : Modes de communication : L.S.F et/ou L.P.C

Durée : une heure.

Déroulement :

A partir des documents disposés sur une table, demander aux enfants de donner le titre de chacune des revues et journaux scolaires. Avec les enfants sourds, il convient de montrer que les journaux et revues ont des noms comme les personnes. Cela permet de les identifier. Trouver un titre pour le nôtre et le justifier. è La justification permet l’utilisation des connecteurs, des mots comme " parce que, mais, et " dont l’assimilation et l’accommodation sont difficiles chez l’enfant sourd.

Faire prendre conscience aux élèves de la typologie des caractères des documents : caractère d’imprimerie. Le traitement de texte trouvera toute sa place pour se rapprocher du caractère d’un journal.

Demander aux enfants s’il faut qu’on mette toutes les photos prises dans notre journal. è en principe, à partir des journaux de classe trouvés sur Internet, ils verront que les photos ont été sélectionnées. Par rapport aux échanges, les enfants auront besoin de vérifier, de s’appuyer sur des documents modèles : collectés par Internet et par rapport aux journaux mis à disposition. Pour la présentation des élèves, ils pourront le faire seul. En ce qui concerne les autres activités, il est possible de les répartir entre les groupes d’élèves.

Séance n° 2 : initiation ou rappel de l’utilisation du traitement de texte word.

Il est nécessaire de consacrer une séance de rappel sur l’utilisation de l’ordinateur.

Objectifs spécifiques : Matériel : Organisation : deux élèves par ordinateur.

Déroulement :

La difficulté réside dans la compréhension du vocabulaire : cliquer droit ; dossier ; fichier. Il est nécessaire soit de faire un regroupement collectif et de manipuler devant eux, soit de passer dans chaque groupe pour l’expliquer. Leur donner une feuille consigne est possible ce qui permettrait à l’enfant de rechercher les mots de la feuille à l’écran.( lecture pour agir) Si les étapes ci dessus vont assez vite (déjà vécu dans les précédentes classes), on peut passer à la phase d’insertion d’images . Dans le cas contraire, elle se fera dans une autre séance.

Séance n° 3 : insérer des images dans le traitement de texte



Objectifs spécifiques :

Matériel : Déroulement : Remarques. : L’insertion de photos demande une procédure complexe dont l’enfant s’imprégnera d’autant plus qu’il faut les placer chronologiquement.L’ordinateur entretient un écart entre l’enfant et sa production à l’écran  dans la mesure où l’élève voit l’effet de ses actions. Le maintient de cet écart est indispensable pour que l’enfant puisse accéder à la maîtrise de ses représentations. L’enfant dans ce schème d’action, est obligé de lire. Or le lecture et la production écrite, qui se retrouve dans toutes les disciplines, sont indissociables.

Des allers-retour entre le support informatique et le support papier sont nécessaires. Ainsi à partir de l’impression de leurs sélections de photos, ils pourront en classe commencer à écrire ( support papier et crayon ) les légendes.

Séance n° 4 : Ecrire des légendes

Objectifs spécifiques :

Matériel : leur feuille sur laquelle ils auront imprimé les photos choisis ; tous les documents collectés sur Internet, et les autres documents se trouvant en classe ; leur classeur de production d’écrits.
 
 

Déroulement :

Chaque groupe commentera les photos concernant sa partie du journal définie lors de la première séance.

Les travaux de groupe ne sont pas cloisonnés  dans le sens où chaque élève peut passer dans un autre groupe et donner son avis. Cela permet de créer une dynamique de groupe.

Chaque groupe fait part en L.S.F des légendes qu’ils ont écrites.è permet d’obtenir l’avis de la classe.
 
 

Rôle du maître : - intervention dans chaque groupe pour l’apport de vocabulaire, constructions syntaxiques, ajout de mots connecteurs ou de liaison. Traduire par écrit les phrases que diront les élèves en L.S.F.
 
 




Séance n° 5 : saisie des légendes sur ordinateur.

Objectifs spécifiques:

Matériel : ordinateurs de la salle informatique
 
 

Déroulement :

- Enregistrement de leur fichier ( leur demander d’utiliser la fonction " enregistrer sous " pour créer un nouveau fichier )

- Impression de leur document.

Remarques :

La saisie informatique est une activité qui familiarise l’enfant avec les commandes de traitement de texte, mais c’est aussi un exercice très formateur. L’enfant fait intervenir une démarche de lecture globale par un balayage oculaire et une démarche d’analyse lettre par lettre au moment de l’écriture. La mémoire de l’enfant est grandement sollicitée.

Les fautes d’orthographe seront soulignées par le correcteur orthographique du traitement de texte et peuvent amener l’enfant à mémoriser l’écriture d’un mot. Lorsqu’un mot est souligné, l’ordinateur permet à l’enfant de choisir parmi une liste de mots. Il faudra choisir le bon. Le maître pourra faire la médiation pour le bon choix.

Le travail sur le support papier est tout aussi important pour mieux visualiser ce qui a été fait.

Est ce qu’on peut attendre, chez l’enfant sourd, que de l’acte de copie émerge des idées nouvelles à écrire ?
 
 
 
 

      1. Compte rendu de nos visites.
Objectifs  généraux :

séance n° 1 : description des visites.

Objectifs spécifiques :

Matériel : Déroulement :

Description des visites.

Explication de la formation d’une passe. Phase individuelle ou par deux : demander aux enfants d’écrire quelques phrases sur les visites à partir de ce qu’on a dit ou pas dit.

Phase collective : il serait bien qu’on écrive les phrases des groupes au tableau pour éventuellement corriger les erreurs.

Rôles du maître : guider les échanges, donner la parole à chacun, aider les élèves dans la rédaction de leurs phrases, demander aux élèves de décrire davantage ( en essayant d’insérer des adjectifs de couleur )
 
 

Séance n° 2 : saisie sur l’ordinateur.

Les objectifs et déroulement seront les mêmes que ceux vus dans la séance n° 5 p25.

Les enfants commenceront à s’habituer à la saisie sur l’ordinateur. Ils auront l’occasion de travailler sur la mise en page de leur production : le choix, la taille et la couleur de la police.

Le travail sur le format de l’image ( taille, positionnement sur la page ).

Remarques: l’outil informatique trouve dans l’acte de la copie une place importante dans la motivation de la production d’écrits. " Il est évident que la facilité d’un traitement de texte permet par sa chaîne mobile et modifiable de caractères, par l’automatisation de l’organisation graphique et spatiale, par sa lisibilité et son esthétique, aide les élèves en leur laissant la possibilité de s’investir dans la construction du message écrit, et de s’approprier l’écrit en tant que moyen de communication . "
 
 

      1. Correspondance  par internet : faire part de notre travail
Objectifs généraux  :

- les élèves découvrent Internet comme outil de correspondance.

- développer les compétences en expression écrite.

Objectifs spécifiques :

Les élèves seront capables de :

Matériel : appareil photo numérique

Le projet de correspondance poursuit les objectifs fixés à savoir favoriser et développer l’écrit ainsi que la lecture avec les enfants sourds. Nous correspondrons avec une classe d’enfants entendants de l’archipel des îles marquises. Il faut savoir que l’archipel des marquises se trouve à mille quatre cent cinquante kilomètres au nord de Tahiti. Les îles n’ont pas toutes les infrastructures modernes qu’on peut trouver à Papeete.( Tahiti)

L’objectif de la première activité consistera à se présenter en tant que sourd. Les enfants auront des difficultés à s’exprimer, d’autres ne le pourront certainement pas du tout, du fait de leur surdité. Mais d’autres modes de communication existent : la L.S.F , le mime éventuellement le langage parlé complété. Ils auront l’occasion de se présenter, d’exprimer leurs préoccupations, les conséquences sociales de leur handicap. Avec Internet, nous pourrons envoyer les photos animées des enfants accompagnées d’une production écrite visant à se faire comprendre de nos correspondants marquisiens.

Pour mieux se connaître, l’idéal serait de mieux se comprendre. Nous envisagerons par exemple, en fonction de la curiosité que porterons nos correspondants à la L.S.F, de leur transmettre l’alphabet dactylologique pour faire des jeux de codage-décodage. Ils pourront l’utiliser pour écrire des phrases en respectant la syntaxe de la langue française. Les enfants sourds auront la tâche de les transcrire et d’en coder de nouvelles pour leurs correspondants. Pour respecter la syntaxe du français, ils devront composer des phrases puis les transcrire avec l’alphabet dactylologique.

Dans le même esprit , nous pourrions faire connaître aux petits marquisiens la L.S.F. Au niveau des élèves sourds, cet exercice permettrait de réfléchir sur leur propre langue et sur le français. Ainsi, tout ce qu’ils signeront sera renforcé par des phrases écrites dans la langue française. Il faut s’attendre à beaucoup de difficultés au niveau de la construction des phrases d’un mode à l’autre : la syntaxe ; les connecteurs ; les pronoms personnels ; les articles définis. D’autres difficultés au niveau du temps à utiliser, du vocabulaire … viendront s’ajouter. L’exploitation pédagogique de toutes ces situations sera très riche. Les relations des enfants entre eux feront qu’une entraide sera de mise face au projet qui les attend : il s’agit de créer une dynamique de groupe.

Les enfants devront faire un effort dans la forme de leurs productions écrites car ils savent qu’ils s’adressent à des enfants qui , aussi, feront cet effort. Il y a là une motivation supplémentaire.

Tous les reportages des sorties pédagogiques seront rédigés et envoyés à nos correspondants, ainsi que notre journal de classe. Du fait que Tahiti soit l’île principale où l’on trouve deux musées, les échanges pourront au fil du temps servir à compléter les manques de chacun. On peut par exemple imaginer que nos correspondants marquisiens nous demande de leur transmettre des photographies portant sur la culture comme les outils de chasse, de pêche et de culture de nos ancêtres….. sur les "  marae " ( lieu de culte ) …. L’investissement des enfants sur les notes à prendre, sur les commentaires à apporter ne se trouverait qu’agrandi dès lors qu’il est inscrit dans un projet.

L’organisation : La séance de correspondance scolaire aura lieu une fois ou deux par semaine selon le planning fixé avec l’équipe pédagogique. On consulte d’abord la boîte aux lettres. Si un message apparaît, on l’imprime et on le duplique. Tous les documents écrits ( envoyés ou reçus ) seront imprimés pour une meilleur exploitation immédiate. Pour des raisons pratiques, il serait bien que le maître connaisse le contenu avant eux de manière à préparer des éléments de réponses, les répartitions des tâches si les enfants manquent d’idées. On élabore les documents destinés aux correspondants puis on les envoie.

Réflexions sur la correspondance par Internet :

L’Internet permet de correspondre en temps réel ou en différé, avec un ou plusieurs correspondants. Les messages qu’ils recevront contiendront des structures syntaxiques différentes ( simples ou complexes ) selon le correspondant. Cette diversité leur permettra, implicitement ou par un travail avec le maître, de s’imprégner des divers structures syntaxiques de la langue écrite. Le style indirect que pourra contenir les messages, très difficile à aborder avec les sourds, servira de base de travail à l’enseignant avec les élèves ayant des difficultés à l’assimiler. Les déterminants, les connecteurs de temps, la conjugaison, la chronologie peut être aborder à partir de messages concrets.

  1. Limites de l’outil informatique

  2. Si l’outil informatique permet la mise en place d’une pédagogie différenciée, elle peut induire chez certains enfants, notamment ceux qui ont du mal à l’utiliser, ou chez ceux qui sont timides, craintifs,, une passivité devant un texte, une image. L’efficacité de l’utilisation de l’outil informatique en terme d’apprentissage ne sera pas assurée.

    Il faudra faire attention au fait que l’utilisation de l’outil informatique à l’école puisse engendrer une hiérarchisation sociale : "  un élève dira, on en a un chez nous " alors que d’autres n’en ont pas. Par ce fait, il peut y avoir une mise en retrait volontaire face à l’outil informatique de la part de l’élève dépourvu.

    La maîtrise du clavier peut constituer une phase de démotivation dans le sens où l’élève peut passer du temps à chercher une lettre. Daniel Calin dans son livre "  L’enfant à l’ordinateur " mentionne ce fait en précisant tout de même que la régularité de l’utilisation de l’outil informatique peut effacer rapidement ce problème.

    Il convient de faire prendre conscience aux élèves que l’utilisation de l’outil informatique n’est pas une fin en soi mais vraiment un élément qui permet de construire son savoir. C’est pourquoi des allers-retours sont nécessaires entre l’outil informatique, le livre et le papier.

    La libre diffusion sur Internet d’une masse d’informations doit amener les enseignants à s’interroger sur la véracité des informations, à vérifier le contenu des sites Internet avant de d’y rendre. Il s’agit de montrer aux enfants que ce n’est pas parce que l’information se trouve sur Internet qu’on peut le considérer comme sûre. Certains sites comme ceux du gouvernement le sont.

    Les nouvelles technologies peuvent être perçues comme des outils magiques. Je pense essentiellement aux correcteurs orthographiques ( et non grammaticaux ) automatiques intégrés dans les logiciels de traitement de texte. Il est vraisemblable que les élèves concluent que les logiciels de traitement de texte rendent caduc le temps passé en classe sur l’orthographe d’usage et les règles de grammaire.

    Il faut se poser la question de savoir si ça vaut la peine de pouvoir disposer de nouvelles technologies si l’école ne rend pas les enfants plus autonomes et responsables et acteurs de l’accès au savoir.

    Enfin, il y a le coût de la communication à Internet. Chez nous, à Tahiti, il n’est pas proposé de forfait tout compris ( abonnement et communications comprises dans le prix du forfait). Une tranche de huit minutes est facturée à 1,75 FF auquel il faut ajouter le prix de l’abonnement mensuel qui est de l’ordre de 200 FF. En principe, les municipalités assure le financement de l’abonnement et une partie du prix de la communication.
     
     

  3. Conclusion
J’ai exposé un travail centré sur la production écrite utilisant ponctuellement l’ordinateur au travers du traitement de texte. Je pense qu’il est nécessaire de passer de l’outil informatique au support papier.

N’ayant pas eu l’occasion d’expérimenter ce projet, les réactions des élèves ne sont donc pas connues. Par contre, je me suis appuyé sur les connaissances théoriques sur l’enfant sourd que j’ai pues acquérir, et des observations que j’ai pu faire lors de mes stages. Mes séances partent souvent de situations de conversation, d’échanges.

La pédagogie avec les enfants sourds nécessite une adaptation au niveau de la communication, une disponibilité accrue du maître car l’enfant sourd le sollicite beaucoup. Il faut arriver à développer la capacité d’abstraction ainsi que la conceptualisation. S’appuyer sur des situations concrètes, des méthodes actives, est essentiel car l’enfant se construit. Le travail avec l’enfant sourd exige beaucoup de rigueur . Améliorer la syntaxe, enrichir le vocabulaire, savoir organiser différents types de textes... voilà quelques objectifs à faire atteindre aux apprenants sourds.

Le rôle de l'enseignant n'est pas facile car il doit souvent gérer une multitude de difficultés à la fois. Pour aborder des notions, il faut une progression. Il est important qu'il sache cibler son travail et surtout qu'il mette en place des outils qui aideront les élèves à progresser et à devenir de plus en plus autonomes.

L’utilisation de l’outil informatique est une réponse possible que je compte bien utiliser tout au long de l’année scolaire. Lorsque les élèves saisissent leurs travaux sur l’ordinateur, il est indispensable qu’ils les impriment pour pouvoir y faire des retouches éventuelles d’ordre syntaxique ou de manque de mots outils…Le maître conseille l’élève en lui indiquant ses erreurs. Celui ci n’aura pas à tout refaire, simplement que d’y insérer les corrections et d’imprimer à nouveau son travail. Ce simple fait de correction sur l’ordinateur permet à l’enfant de structurer sa pensée, de prendre conscience de ses erreurs, de les retenir. Cet aspect constitue un apport cognitif non négligeable.

C'est dès la rentrée prochaine, dans ma classe spécialisée pour déficients auditifs, que je pourrai mettre en pratique ce travail. Il me sera alors possible d'établir des liens entre les disciplines, d'assurer ce suivi tant nécessaire dans la construction de la langue écrite en utilisant l’ordinateur. Je suis persuadé que l’ordinateur sera un outil qui aidera aussi bien les enfants que le maître. Et déjà, on parle du livre scolaire électronique. Qu’en sera – t – il avec des enfants sourds ?
 
 

BIBLIOGRAPHIE.



L’Enfant Sourd Communication et langage – Christiane LEPOT-FROMENT et Nadine CLEREBAUT- 1996 De Boeck Université

La parole de l’enfant Pour une éducation bilingue – Danielle BOUVET – 1989 Puf.

L’enfant à l’ordinateur Une pratique d’aide aux enfants en difficultés - Hélène GARREL et Daniel CALIN. – 2000 L’Harmattan.

L’informatique éducative Cheminements dans l’apprentissage - Kamila EIMERL – 1993 Armand Colin

L’orthophoniste et l’enfant sourd - A. DUMONT – 1988 Masson

L’informatique à l’école – Parcours didactique à l’écoleYves MOREAU, Michel TOURNON – 1999 Bertrand Lacoste

Echanges avec des enseignants spécialisés lors de mes stages