L'image comme support d'apprentissages pour l'enfant sourd

Laurence BRENGUES

Introduction : *

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES *

Première partie : *

LE MONDE DE L’IMAGE *

1 – Notion de culture *

1 - 1 – La culture en général *

1 – 2 - la culture sourde *

2– Définition du mot " Image ". *

3 – Les différentes disciplines scolaires touchées par l’image *

4 – Rapport avec les instructions officielles *

Deuxième partie : *

TRAVAIL AUTOUR DE L’IMAGE *

1 - Pourquoi ce travail ? *

2 – Lecture globale de l’Image *

3 - Lecture technique de l’Image *

4 – Acquisition d’un vocabulaire plus riche *

Troisième partie : *

L’IMAGE COMME OUTIL DE COMMUNICATION *

1 - L’Image comme support d’information et de culture *

1 – 1 - Reflet de la réalité historique *

1 - 2 - Message mythologique *

1- 3 - Message mystique *

1 – 4 - Support de représentation et d’expression selon l’époque *

1 – 5 - Reflets de la réalité *

2 – Image = support de dialogue *

Conclusion de la troisième partie *

Quatrième partie : *

EXEMPLE D’EXPLOITATION PEDAGOGIQUE *

A PARTIR DE L’IMAGE PUBLICITAIRE *

1 – Activité langagière à partir de l’image publicitaire : *

1 – 1 - la population touchée *

1 – 2 - Travail autour d’Images *

1 – 2 – 1 - Matériel utilisé *

1 – 2 – 2 - Objectifs de la séance *

1 – 2 – 3 - Les objectifs passés pour le 1er exercice. *

1 – 2 – 4 - Analyse et interprétations des réponses *

1 –2 – 5 - Consignes du deuxième exercice *

1 – 2 – 6 - Analyse et interprétations du deuxième exercice *

1 – 2 – 7 - Conclusion de cette séance *

1 – 3 Travail autour d’images publicitaires animées *

1 – 3 – 1 - Pourquoi cette séance *

1 – 3 – 2 - Matériel utilisé *

1 – 3 – 3 - Les consignes *

1 – 3 – 4 - Analyse de la séance *

1 – 3 – 5 - Conclusion de cette séance *

1 – 4 - Conclusion sur la lecture d’images publicitaires *

2 – Ouvertures pédagogiques possibles * 2 – 1 - Savoir analyser *

2 – 2 - Savoir composer *

2 – 3 - Travail sur les différents champs et plans d’une image *

2 – 4 - Travail d’écriture *

2 – 5 - Travail en art plastique *

Conclusion : *

Introduction :

PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES



Comment dans une société donnée, l’enfant acquiert-il les connaissances ? Est-ce que cela ne se fait pas dans le temps ?

Dans les sociétés primitives, cet apprentissage se faisait au contact du groupe, de la tribu. Mais au font que transmettait-on à l’enfant ? Des techniques très rudimentaires et suffisantes pour subsister dans un monde hostile.

Dans les sociétés plus évoluées, et à fortiori la nôtre, les parents, le groupe ne peuvent à eux seuls assurer un développement harmonieux de l’enfant dont les besoins ne sont plus seulement alimentaires, mais aussi physiques, psychologiques, intellectuels, voire même moraux.

Pour les parents de l’enfant sourd, le besoin de spécialistes va même devenir particulièrement crucial. Ils devront faire appel aux services d’un encadrement médical spécifique. Ils rencontreront un ORL, dont la fonction sera de déterminer le niveau de surdité, un orthophoniste qui tentera dans un premier temps de faire prendre conscience à l’enfant du monde sonore qui l’entoure, puis essaiera de l’amener à prononcer certains sons, voire prononcer des mots, et enfin un audioprothésiste qui, lui, appareillera l’enfant selon ses besoins et seulement si ses parents l’acceptent.

Au niveau motricité, les services d’un psychomotricien seront peut-être envisageables car les problèmes à l’oreille peuvent entraîner des difficultés d’équilibre. Il lui faudra peut-être également un soutien psychologique plus ou moins important pour trouver sa place au sein de sa famille car "moins de 10% des enfants sourds naissent de parents sourds" et ainsi ils peuvent avoir des difficultés à trouver un référent adulte dans leur entourage de même que dans la société en général, où de nombreuses informations sont orales.

En outre, nous vivons dans un monde de plus en plus médiatisé où les images, animées ou pas, sont omniprésentes. Elles sont partout autour de nous sous des formes très différentes, selon leur support, dans les journaux, les revues, les transports en commun, sur les panneaux d’affichage, à la télévision, au cinéma et maintenant même sur Internet. Ces images sont porteuses de nombreuses significations. Elles font souvent référence à notre culture collective. Pourquoi donc ne l’utiliserions-nous pas pour communiquer avec l’enfant sourd et l’aider à développer ses capacités intellectuelles.

En quoi l’image peut-elle aider l’enfant sourd à améliorer ses compétences intellectuelles ? Et comment l’enfant sourd arrive-t-il à appréhender cette situation ?

Dans un premier temps, il me semble nécessaire de définir ce concept que l’on nomme "culture" puis "image", et de mettre en évidence les différents domaines où l ‘on peut rencontrer des images. Il faudra ensuite sélectionner les supports les plus adaptés à une pédagogie spécialisée et plus particulièrement adaptée aux enfants déficients auditifs.

Dans une seconde partie je tenterai de démontrer en quoi " l’enseignement de l’image " et "l’enseignement par l’image" permettent d’acquérir une meilleure maîtrise de la langue et une vision critique des images supports d’idées en tout genre.

Ainsi, pourquoi l’image publicitaire en tant que support d’apprentissage ne pourrait-elle pas aider l’enfant sourd à intégrer des références culturelles communes à tous, entendants et sourds ? Pourquoi ne permettrait-elle pas l’acquisition d’un recul face à cette société qui nous " agresse " par une foule d’informations qui nous atteignent souvent dans notre inconscient. Et pourquoi ne pas imaginer qu’ils échangent leurs impressions voire communiquent plus aisément.

Mon troisième point portera sur les informations très variées véhiculées par l’image selon des périodes très différentes de l’histoire et les dangers que peut entraîner une lecture d’image trop rapide.

Au terme de mes réflexions, j’aborderai deux pratiques pédagogiques possibles. La première confrontera l’enfant sourd à la publicité, afin de le sensibiliser à la dimension sociale de l’image, de lui " donner des réflexes, des savoir-faire, des attitudes dignes d’ individu averti, conscient et responsable ", comme le préconisent les Instructions Officielles. La deuxième l’amènera à devenir à son tour émetteur, en découvrant la technique de la bande dessinée et en en créant une.

Première partie :

LE MONDE DE L’IMAGE



1 – Notion de culture

1 - 1 – La culture en général
 
 
La notion de culture selon le dictionaire est "l’ ensemble des structures sociales et religieuses " mais aussi " l’ensemble des manifestations intellectuelles, idéologiques et artistiques qui caractérisent une société ".

En ce qui me concerne, je la définirai comme un concept qui regroupe à la fois la transmission de savoir-faire et de coutumes mais également une manière de faire, d’agir, de penser et de communiquer.

Pour communiquer, les individus d’une même culture utilisent un même code, un même langage, une même langue. " La langue comporte certaines caractéristiques communes et certaines spécificités "…  " Elle reflète donc le monde dans lequel vivent ceux qui l’utilisent .

Or, la notion de culture est partout . Elle est indispensable car, comme le souligne André LEROI-GOURHAN, " la possibilité humaine de socialiser la mémoire, d’accumuler au lieu de réinventer à chaque fois permet à l’homme d’acquérir au cours des millénaires des moyens techniques qui l’aident à assurer une emprise individuellement équilibrée sur le milieu matériel ". Il transmet à la

génération qui lui succède ses expériences accumulées. Ainsi, Sélim ABOU définit la culture en disant " qu’elle n’existe qu’en fonction de la diversité des sociétés humaines".

Toutefois la culture d’un même pays n’est pas unique. Il faut distinguer " culture " et " unités culturelles " qui sont des parties d’une même culture. En effet, il existe des écarts significatifs entre deux unités culturelles comme Paris et Marseille. C’est en cela que Claude LEVI STRAUSS parle de la pluralité de la culture.

Mais pour parler réellement d’identité culturelle, il faut que les hommes aient le sentiment d’appartenir à cette unité culturelle. Et ces dernières ne surgissent que lorsqu’il apparaît des différences, voire des difficultés pour s’insérer dans la collectivité de manière globale (mode de vie différent du fait d’un handicap) ou même l’émergence d’impression d’injustice…

Les exemples ne manquent pas. Au moment de la shoa, une identité juive s’est révélée, de là, le territoire d’Israël est apparu. N’en serait-il pas de même pour les sourds ?

Ainsi, nous conviendrons que la culture d’un même pays est bien " plurielle " et que les différentes communautés qu’elle possède, représentent une source d’enrichissement incontestable.

1 – 2 - la culture sourde Les personnes sourdes sont séparées de la société entendante qui les entoure et de sa culture, à cause d’une particularité physiologique : leur surdité (LAWSON). En effet, elles sont privées de toutes les informations orales qui nous sont transmises toute la journée. D’où, comme le souligne Rose-Marie RAYNAUD, un " champ d’ignorance " se crée autour du jeune sourd dès le milieu familial pour la plupart et s’accroît au moment de l’école. Ce dernier prend pleinement conscience de sa surdité. Il s’aperçoit qu’il n’a pas la même vision du monde. Son mode de réflexion devient plus imagé alors que celle des entendants a une conception plus abstraite. Sa façon de faire ainsi que ses manières deviennent différentes également.

Par exemple, les sourds entre eux utilisent le signe bonjour au lieu de la poignée de main. Ils ont recours à une panoplie de stratagèmes pour appeler quelqu’un :

Deux autres éléments significatifs montrent la différence du mode de vie des sourds par rapport à nous, entendants : une porte fermée est un obstacle à toute communication contrairement à une fenêtre par laquelle deux sourds peuvent se voir et donc se parler en Langue des Signes. Ces actions se réalisent naturellement sans que personne ne les leur apprenne.

Par ailleurs, tout individu a besoin de communiquer avec des pairs. Pour cela les sourds utilisent entre eux la Langue des Signes Française (L.S.F.) (pour les français) qui possède toutes les caractéristiques d’une langue :

C’est ainsi que nous pouvons dire que la L.S.F. est une langue à part entière.

Or une communauté qui détient sa propre Histoire, une langue commune, un mode de vie qui lui est propre, et qui revendique le droit à sa différence, a une identité propre et donc une culture propre.

C’est en cela que nous avons le droit de parler de " culture sourde ".

2 – Définition du mot " Image ".

La seconde notion sur laquelle il faut que nous soyons d’accord de prime abord, c’est le mot " Image ". En effet, qu’y a-t-il derrière ce concept ?

Le mot " Image " vient du latin Imago. C’est selon le dictionnaire " une représentation d’une personne ou d’une chose par la peinture, la sculpture, le dessin, la photographie, le film, etc … "

Elle se définit également comme le reflet de la réalité dans un miroir ; elle permet de voir ce que l’on ne peut pas voir à savoir son propre corps. C’est un instrument d’optique. Si on va plus loin, elle est une représentation mentale d’une chose ou de la " société " a un moment donné et nous donne des renseignements plus ou moins précis sur l’époque à laquelle elle fut réalisée et ce, quel que soit son support (pierre, bois, mosaïque, toile, papier, film…).

Par ailleurs, selon la technique utilisée (peinture, sculpture, …), elle nous donne des indications supplémentaires sur les idéologies et la technicité employée. Elle conserve à sa façon probablement la mémoire d’une époque. Elle se compose essentiellement de pictogrammes mais quelquefois les hommes se sont sentis obligés de rajouter de l’écrit pour qu’elle soit encore plus explicite ( par exemple dans les Bandes Dessinées). Ainsi pour une meilleure lisibilité, l’Image pourra le cas échéant être complété par une icône et/ou un texte supplémentaire.

Donc, dans ce dossier à chaque fois que je parlerai d’Image, il faudra non seulement se référer à une icône, mais en plus au texte qui s’y trouve incrusté s’il y a lieu. L’Image sera donc considérée dans sa globalité.
 
 

3 – Les différentes disciplines scolaires touchées par l’Image

L’Image est un objet qui se retrouve dans toutes les disciplines sous des formes totalement différentes. Elle peut servir de point de départ d’activité ou de support de leçon afin que les enfants puissent mémoriser plus facilement.

En arts plastiques, l’Image permet aux élèves ne disposant de Musée à côté de chez eux, de découvrir les œuvres les plus célèbres. La documentation photographique actuelle retransmet assez fidèlement les couleurs. Le maître peut donc s’y appuyer pour pallier à cette situation. En ce qui concerne l’Histoire de l’Art, le pédagogue offre à l’enfant la possibilité de comparer plus librement les réalisations des grands peintres, de saisir les motivations des artistes.

Elle permet également à l’enfant de se définir un mode esthétique et de développer sa propre créativité.

En langue orale, en Français par exemple, l’image met en place des situations de dialogue. Ainsi, l’enfant acquiert un vocabulaire adapté à une situation précise. Les images peuvent conduire à une situation de " saynète " qui favorisera l’apprentissage de la syntaxe.

L’image permet à l’enfant d’avoir un support sur lequel s’appuyer et ainsi se fait mieux le passage de l’expression orale vers l’expression écrite. L’enfant peut ainsi plus facilement garder le fil directeur de son propos.

" L’Image animée, la vidéo, permet également de sensibiliser l’enfant sourd aux fonctions et aux opérations que l’écrit rend possible " affirme Christian CUXAC.

" Son utilisation permet à l’enseignant de passer en revue le paradigme presque complet des fonctionnalités de l’écrit ". Avec la vidéo comme avec l’écrit on peut archiver des moments spécifiques de la classe, faire des retours en arrière, effectuer des arrêts sur image, effacer, corriger, remplacer une chose par une autre. On peut aussi établir des résumés qui, une fois archivés, deviendront la mémoire de la classe. Ainsi grâce à ces nombreuses manipulations, la vidéo prépare l’enfant sourd à une entrée plus confortable dans l’univers de l’écrit.

En gymnastique, en mathématiques ainsi qu’en sciences et en éducation civique, l’Image se caractérise par des schémas qui donnent une idée beaucoup moins abstraite que la parole. Elle permet de structurer la pensée et de mieux comprendre la réalité qui est demandée.

Donc, sous n’importe quelle forme qu’elle soit, l’image sert d’appui dans toutes les disciplines scolaires soit comme point de départ, soit comme illustration d’un propos ou encore comme un aboutissement à un concept à retenir.

4 – Rapport avec les Instructions Officielles

Dans les textes officiels, l’Image n’apparaît qu’au niveau des Arts Plastiques. " Cet enseignement a pour objet de rendre l’élève conscient de ses possibilités d’expression, de développer chez ce dernier le désir et la capacité de créer, et de l’aider à se constituer une première culture artistique ".

Seuls trois aspects de l’Image sont ici mis en évidence :

Elle permet de lier une activité sensorielle à la maîtrise des gestes car " le maître amène progressivement l’élève à contrôler son geste (formation des tracés, manipulations diverses, passage du geste à l’écriture) ".

Seulement même la créativité est dirigée car " l’enfant apprend à regarder "en se familiarisant à un petit nombre d’œuvres.

Mais il ne faut pas en rester là, du moins au niveau des enfants sourds, qui doivent réaliser " un choix esthétique " et distinguer celui-ci d’une " simple préférence individuelle " . Ainsi, par ce biais, l’enfant met en place des stratégies d’anticipation, de formulation d’hypothèses et une recherche active de sens.

Or, tout ceci, nous le retrouvons au niveau d’un message écrit lorsque nous sommes obligés de " prendre des indices ", de " mettre en relation des éléments et d’analyser des détails ou d’avoir une vision globale d’un texte ".

Si nous regardons les Instructions Officielles en Français, nous découvrons que le maître doit présenter des textes divers et développer un comportement critique et réfléchi grâce aux connaissances et aux savoir–faire acquis.

Or, comme l’enfant sourd a un comportement particulier face à l’Image (Benoît VIROLE) pourquoi ne pas l’exploiter pour l’aider à acquérir les savoirs être appropriés à une communication efficace. " Le maître engage l’élève à oser prendre " la parole ", à savoir écouter ses camarades et à formuler ce qu ‘il veut dire ". La langue n’étant pas précisée, l’enfant peut utiliser celle dans laquelle il est le plus à l’aise : la L.S.F. (Langue des Signes Française) ou le français oral. Le maître peut être amené à traduire ou à reformuler les idées de chacun aux autres. Par exemple, lorsque les élèves étudient en classe un conte, ils peuvent être amenés à résumer ce dernier oralement . Chacun raconte un passage en gardant la chronologie de l'histoire, certains en signant et d’autres en oralisant plus ou moins. Pour que le discours reste cohérent, l’enseignant doit veiller à ce que chacun écoute bien l’autre avant de raconter la suite de l’histoire. Il doit également s’assurer que chacun ait bien compris le propos des autres afin de ne pas répéter des passages déjà cités. Il faut également que l’adulte sache calmer les discours sans pour autant les arrêter et recanaliser les idées afin de conserver le fil conducteur de l’histoire intact. Il s’agit pour cela que les enfants restent très concentrés et que l’adulte sache relancer le discours soit en répétant un passage d’une autre façon (en LSF par exemple) soit en reprenant l’ordre des évènements. La gestion du temps de parole est primordial dans le travail du pédagogue.

" La pratique orale, libre et confiante a toujours pour effet d’accroître simultanément la facilité et la qualité de l’expression en habituant l ‘enfant à s’exprimer de façon simple et correcte, d’étendre et de préciser son vocabulaire " ; ce dernier étant assez pauvre chez les enfants sourds du fait de leur surdité.

Deuxième partie :

TRAVAIL AUTOUR DE L’IMAGE



1 - Pourquoi ce travail ?

La mission de l’enseignement est de donner aux enfants toutes les possibilités de réussir leur vie tant au niveau professionnel qu’au niveau social. Elle doit l’amener à devenir à l’âge adulte un acteur social libre et autonome qui puisse agir sur la société. Pour cela, il faut que l’enfant acquière une certaine culture. Le vecteur principal de notre société est le support écrit.

Or, pour aborder celui-ci, il faut que l’élève ait acquis un bon niveau dans la langue orale, ce qui n’est pas chose aisée pour un sourd. Pour les oralisants, elle impose souvent l’appui de l’utilisation du L.P.C. (Langage Parlé Complété). En effet, il permet une lecture labiale plus facile et ainsi conserve la syntaxe et la structure du français oral dans sa globalité.

En cela, il pourrait aider l’enfant à entrer dans l’apprentissage de la lecture.

Mais il ne faut pas se limiter à cette méthode car, comme le dit Benoît VIROLE , les modalités de structurations cognitives d’un enfant sourd sont très différentes de celles d’un enfant entendant. Il n’apprend pas de la même façon. Et, si l’enfant sourd oralise, il se trouve devant une situation assez complexe en ce qui concerne la réception d’un message codé et la construction de ses réflexions internes. En effet, il s’exprime en langage gestuel (ce qui est son modèle de pensée) et reçoit un message en L.P.C. . Il est donc dans une situation où "  il est récepteur passif d’une langue alors qu’il est émetteur actif dans une autre " .

L’enfant sourd a besoin d’un suivi plus proche de sa façon d’apprendre. Il est, selon Benoît Virole, plus " simultané " qu'un enfant entendant qui est, lui, plus " séquentiel ". Cela signifie que son espace cognitif se réalisera de façon " spatiale " et non " temporelle ". Il apprendra plutôt grâce à sa vision de façon globale et intuitive.

Il percevra les éléments instantanément et sa mémoire sera plutôt iconique, sous forme de sketch.

Ainsi pourquoi donc ne pas jouer sur ses possibilités en choisissant comme support tout ce qui peut avoir trait à l’image (journaux, vidéos, logiciels, monde virtuel, bandes dessinées …)
 
 

2 – Lecture globale de l’Image

L’Image est d’abord lue globalement c'est à dire que sont retenus en premier les éléments importants qui la constituent.

Nous commençons par décrire ce que nous voyons, les différents éléments qui se trouvent sur l’Image : c’est ce que nous appelons " la dénotation "

Ce principe permet de lire de façon totalement neutre une image et de retenir l’idée générale de la réalité qu’elle représente. Or il ne nous faut pas en rester là.

Nous donnons également nos impressions et nous avons même tendance à décrire selon le cas, les sentiments que cette image nous procure. Pour cela, nous faisons appel à notre culture, notre éducation et notre sensibilité, parfois même, à notre imaginaire. Nous appelons cette vision de l’Image " la connotation ".

Autrement dit une interprétation inconsciente nous vient de notre passé culturel (on voit mieux ce que l’on connaît déjà). En effet, nous avons tous un passé qui nous est personnel et une image peut être ressentie de façon très diverse. Si par exemple, nous regardons des images de guerre, nous pouvons soit avoir tout simplement un sentiment de dégoût, soit être amené à détourner le regard selon notre sensibilité ou notre vécu vis à vis d'un tel événement. Par contre, si nous regardons des photographies du Sahara, certains vont rêver de faire un rallye, d'autres penseront à des caravanes de dromadaires, à la chaleur, aux oasis de fraîcheur et souhaiteront y aller en vacances, d'autres au contraire pour les mêmes raisons ne seront pas du tout attirés par cet endroit, et, d'autres enfin, se rappelleront des séjours passés là-bas, leur maison, leur famille, leurs amis, …

Donc, pour une même Image, il peut y avoir des interprétations très diverses. Mais celles-ci ne découlent-elles pas de la notion de polysémie de l’Image ?

Lorsque nous faisons une analyse de texte nous cherchons les différents sens de celui-ci. Nous cherchons à connaître la sémantique première afin de mieux comprendre la pensée de son auteur, ses sentiments et ses sensations du moment. Pour une Image, c’est la même chose. Elle véhicule toujours la sensibilité de son créateur ainsi que le message qu’il a voulu nous communiquer, même si cela n’apparaît pas de prime abord.

Ainsi, lire une image, ce n’est pas rester sur ses premières impressions, c’est aussi faire appel à ses émotions, son vécu et à ses références culturelles voire historiques.

L’enfant sourd, du fait de son handicap qui ne lui permet pas d’avoir toujours des informations et des échanges très riches, n’a pas un référentiel d’analyse aussi exhaustif et va éprouver certaines difficultés d’analyse et donc, sa compréhension du message final ne sera pas aussi complète et aussi facile.

En conclusion, j’insisterai sur le fait que l’image véhicule plus ou moins fidèlement la réalité et pour qu’un enfant sourd puisse en saisir le sens, il faut lui donner la possibilité de maîtriser un minimum de clés propres au message iconique mais également au monde socio-culturel. En ce sens nous pouvons affirmer que l’Image est un objet culturel.

3 - Lecture technique de l’Image

Pour lire une Image, nous avons besoin de connaître quelques notions car selon l’image que nous regardons, nous découvrons déjà des renseignements sur l’époque à laquelle elle a été réalisée et la technique utilisée.

En effet, la structure est importante. Une première classification s’impose. Les Images peuvent se diviser en cinq catégories :

Ainsi, l’Image nous dévoile l’époque à laquelle elle a été créée.

Dans un second temps, nous étudierons les techniques choisies par l’artiste pour réaliser l’Image :

Pour finir, il s’agira de mettre en évidence la relation entre la technique et les effets induits : Les sensations, les informations, la technique et les émotions que l’Image diffuse, lui donnent tout son sens. C’est ce que CS PIERCE affirme en disant : " L’icône est la façon la plus parfaite de représenter la pensée " . Nous constatons que l’Image est un ensemble de signes, de codes qui n’ont rien d’arbitraire et que la lecture d’Images est spatiale. Le cadrage est bien défini par des lignes de force. Tout, dans l’Image, donne de l’information, même la couleur. Ainsi cette approche de la réalité paraît plus facile pour un enfant sourd car elle fait appel à des notions spatiales qui sont, selon Benoît VIROLE, les plus appropriées à son monde de réflexion.
 
 

4 – Acquisition d’un vocabulaire plus riche

Déjà, par le biais de la lecture d’Images à proprement parler, l’enfant acquiert un vocabulaire précis, pour décrire ce qu’il voit et ce qu’il ressent, et ce dans différents domaines. Elle peut également aider l’enfant à découvrir des structures et des tournures de phrases plus élaborées et plus appropriées au langage courant.

L’Image permet de découvrir de façon plus ludique les notions que l’enfant sourd doit acquérir, des domaines qui lui resteraient sans cela fermés et ainsi d’avoir une ouverture d’esprit plus grande. Mais, il faut lui apprendre à se méfier des messages qui sont véhiculés par l’image car souvent le sens premier peut être déformé. Seul le texte qui s’y réfère peut aider à comprendre le message réel que l’auteur veut nous transmettre.

Donc, en ayant un vocabulaire mieux adapté, plus riche, l’enfant découvre qu’en français, les mots, selon le contexte, ont des sens divers. L’expression est souvent pleine de sous-entendus. Il faut donc bien connaître le message pour le comprendre et ne pas se laisser influencer par ses premières impressions.

En conclusion, avec un vocabulaire plus riche, une syntaxe plus appropriée, l’enfant développe son esprit critique, apprend à faire des hypothèses et peut ainsi soutenir plus aisément ses idées face à autrui.

Troisième partie :

L’IMAGE COMME OUTIL DE COMMUNICATION





Les Images sont plus abondantes que jamais. Elles deviennent un phénomène de culture de masse, de communication plus rapide et internationale. Elles ont fait de nous des " sujets aux images" ( D. BOUGNOUX ).

L’Image est un ensemble de signes particuliers qui se distinguent de trois façons selon C.S. PIERCE :

L’indice est défini comme un signe arraché à la chose ou " réellement affecté par elle ". C’est ce que nous pourrions traduire par le signifié. Le signifiant étant l’icône, il s’ajoute au monde. La relation à l’Image s’effectue par la ressemblance ou la continuité d’une analogie. Toutes les icônes ont en commun la conservation d’un élément descriptif ou schématique avec leur référent, de sorte qu’un étranger peut sans trop de mal les comprendre. C’est ce qui nous fait dire que la couche iconique de nos communications saute les frontières comme certaines images d’actualité et de fiction (Mickey) qui sont produits à une échelle planétaire. Ceci se retrouve dans les signes symboliques, tels les panneaux routiers, les symboles chimiques ou algébriques, bien qu’ils ne reposent pas sur une ressemblance bidimensionnelle de la réalité mais plutôt sur une ressemblance linéaire car ce ne sont que des pictogrammes.
 
 
 
 
 
 

1 - L’Image comme support d’information et de culture

1 – 1 - Reflet de la réalité historique
 
 
D’un point de vue historique, l’Image a été utilisée comme un rapport de communication entre les hommes. Au temps des hommes préhistoriques, les gravures rupestres avaient un rôle bien défini. Elles avaient une connotation magique : elles permettaient de conjurer le sort et de capturer plus facilement les animaux dessinés. Et ceci nous le retrouvons dans de nombreuses civilisations. 1 - 2 - Message mythologique
 
 
Dans la Grèce antique, l’Image apporte la preuve qu’elle est le lien entre deux personnes éloignées. Elle retranscrit tous les mythes oraux de cette civilisation. Ainsi, les tapisseries confectionnées en ce temps-là relatent les aventures des héros, précèdent les textes écrits et la communication écrite.

Les Images sont plus précises que les mots car sur une même œuvre de nombreux détails expriment la réalité. Il arrive même que la représentation soit plus réelle que celle-ci. Il est donc évident qu’elles sont un support primordial de communication. C’est un vrai lien dont il faut tout de même se méfier car elles détiennent une double part de subjectivité : celle du créateur et celle du récepteur.

En effet, chacun appréhende une image en fonction de ce qu’il connaît et de ce qu’il souhaite spontanément voir représenté de la réalité. En ce qui concerne l’Image, nous remarquons que l’abstraction est quasiment nulle contrairement aux mots qui possèdent un caractère d’abstraction quasiment total.

1 - 3 - Message mystique
 
 
La relation intime avec la réalité fait de l’Image un moyen d’expression d’une force souvent supérieure à celle des mots. C’est pourquoi, les Romains ont créé des mosaïques pour parler de leurs dieux. Au Moyen Âge, ce principe fut conservé du moins au niveau du clergé. Ainsi, l’Image est le lien entre le message communiqué et ce que communique le message. Le choix du support apporte également une caractéristique spécifique à l’information transmise.

Toutes les sculptures sur les tympans des églises étaient là pour indiquer et même rappeler à chaque pèlerin qui arrivait dans un lieu nouveau, les messages de l’Évangile et maintenir le petit peuple sous son contrôle.

Les tapisseries et les peintures retracent plutôt la vie des Saints et des Chevaliers afin de communiquer leurs aventures et leurs exploits à tous sur terre.

Mais pour produire ces Images, il s’agit de faire ressortir les caractéristiques d’un contenu plus expressif qu’informatif. L’Image doit englober aussi bien la réalité objective (celle qui existe) et la réalité subjective (celle qui est réalisée pour celui qui la regarde).
 
 

1 – 4 - Support de représentation et d’expression selon l’époque
 
 
À travers l’Image, l’artiste nous délivre sa personnalité, ses pensées, et sa vision du monde telle qu’elle est à ce moment précis. On ne peut pas dire qu’elle soit très objective. C’est essentiellement l’expressivité qui domine contrairement aux mots qui peuvent, selon l’écrivain, rester neutres. L’Image n’est que la représentation de la réalité et même un choix de représentation qui n’engage que son auteur. Ceci, nous pouvons le constater en comparant les œuvres de Manet et de Monet à propos du " déjeuner sur l’herbe ". Les artistes donnent des informations sur l’objet, la personne ou l’évènement qui les touche. Tous ces sujets appartiennent à une époque, à un pays… Les motifs, les vêtements des personnages trahissent les interprétations liées à une école, une personnalité mais aussi un état d’esprit et une certaine avancée des connaissances techniques.

L’Image engage l’artiste mais aussi celui qui la regarde.
 
 

1 – 5 - Reflets de la réalité Aujourd’hui encore, on utilise l’Image pour transmettre des messages ,Image qui dans un premier temps attire l’attention. Elle touche tous les domaines intéressant notre société.

Par exemple, au moment des campagnes politiques en vue d’Élections, les candidats distribuent leur portrait et leur " profession de foi " dans toutes les boîtes aux lettres et les placardent même sur des panneaux d’affichage prévus à cet effet. La photographie permet d’attirer l’œil afin de rappeler la candidature.

Au niveau des actualités, les journalistes s’appuient sur l’Image pour accentuer leurs informations, pour inciter les téléspectateurs à regarder …: lors d’une catastrophe écologique du style du naufrage de l’Érika, lors d’un tremblement de terre, ou encore lors d’un massacre en temps de guerre… Au nom de la liberté de la presse et au à l’information, ils diffusent des Images à sensations.

Différents ministères, comme le ministère de l’intérieur ou le ministère de la santé, font appel également à ce support sous forme de dessins, de croquis ou de photographies pour des campagnes de sensibilisation à certains problèmes tels que les accidents de la route, la prévention contre les caries ou encore la lutte contre le Sida.

Et puis il ne faut surtout pas oublier toutes les sociétés qui ont de près ou de loin un rapport avec la société de consommation dans laquelle nous évoluons. Qu’elles " offrent " leurs services ou qu’elles vendent une marchandise, ce sont elles qui utilisent le plus ce moyen de communication pour se faire connaître ou pour ne pas se faire oublier sur le marché économique : C’est ce que nous appelons la publicité.

Il faudra donc travailler le comportement de lecteur d’Images avec l’enfant déficient auditif afin de l’aider à comprendre le sens des messages à enrichir par là même sa pensée , en lui donnant des repères sur les parties icôniques et écrites et sur le rapport Image/texte. Il apprendra également à créer des stratégies d’anticipation, de formulation d’hypothèses et avoir ainsi un comportement actif de recherche de sens.
 
 

2 – Image = support de dialogue

Il existe sur Internet des réseaux que l’on appelle "  CHAT ". Ils peuvent être une aide importante pour entrer dans l’écrit et notamment dans le dialogue par le biais des bulles de bandes dessinées. Pour cela, il s’agit de disposer d’ordinateurs branchés sur Internet, soit dans une même salle, soit dans des classes différentes.

Au départ, chaque enfant choisit un personnage proposé par l’ordinateur. Il écrit ensuite une phrase sur le clavier et, presque instantanément, une vignette de bande dessinée apparaît sur l’écran . Le personnage sélectionné est dessiné dans un décor neutre et son message s’inscrit dans une bulle. Un second enfant peut répondre et les deux personnages figurent sur la nouvelle vignette avec la nouvelle réplique. Et ainsi de suite, tout au long du dialogue. Ce travail relativement ludique peut-être exploité en expression écrite afin que les enfants sourds surmontent leur appréhension de la page blanche. Il est possible d’imprimer chaque bande dessinée afin de les retravailler, les corriger, les transformer et les compléter ultérieurement.

Une fois que ce procédé imagé est intégré par le jeune sourd, ce dernier peut l’utiliser à partir de chez lui pour communiquer sans trop de retenue avec d’autres enfants sourds ou entendants. Encore faut-il disposer du matériel à la maison !!!

Conclusion de la troisième partie

Dans cette partie, nous constatons que l’Image peut réellement être un support, un outil incontournable pour comprendre les sociétés qui nous ont précédés et le monde qui nous entoure. Elle véhicule des informations qui sont plus ou moins importantes pour nous, afin de nous développer en tant que futurs consommateurs et même en tant que futurs citoyens. Il nous est donc indispensable de savoir retenir uniquement celles qui nous sont nécessaires. Il faut donc aider le jeune sourd à se retrouver dans tous ces renseignements et à les trier afin de se forger des référents culturels communs avec les entendants.

Pour surmonter les difficultés de la langue française, et de la communication avec autrui, le travail ludique sur la bande dessinée du " CHAT " est aussi un moyen important à ne pas négliger.

Quatrième partie :

EXEMPLE D’EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE

A PARTIR DE L’IMAGE PUBLICITAIRE



1 – Activité langagière à partir de l’image publicitaire :

1 – 1 - La population touchée
 
 
Pendant les ateliers pratiques du jeudi matin, nous allons dans la classe annexée de l’Institut Baguer d’Asnières au collège Moulin Joli de Colombes. Cette classe est composée de quatre élèves de 6e. Leur niveau scolaire est assez homogène et ils éprouvent chacun des difficultés de concentration importantes même si leurs degrés de surdité sont assez différents. Ils sont appareillés et deux d’entre eux ont été opérés. Ils sont tous oralisants.
 
  1 – 2 - Travail autour d’Images 1 – 2 – 1 - Matériel utilisé
 
 
Nous avons dans une première partie, utilisé dix images publicitaires ou non, extraites de magasines et auxquelles nous avons supprimé tous les textes et un seul slogan tiré de l’une d’elles.

Nous avons fait exprès de prendre des photographies très épurées avec un personnage ou un objet en premier plan et un décor relativement uniforme en second plan. Elles ont toutes par ailleurs un rapport plus ou moins évident avec certains mots du slogan étudié.

Dans une seconde partie, nous avons pris une image très riche en détails même s’il n’y a qu’un seul personnage en plan italien, et onze slogans.

1 – 2 – 2 - Objectifs de la séance
 
 
Nous nous sommes rendu compte dans les séances précédentes que les élèves sourds avec qui nous travaillions n’avaient pas de réel problèmes de dénotation des images et que par ailleurs, dans une liste de mots donnés, ils étaient capables d’en conserver certains qui faisaient appel plutôt à la connotation.

C’est pourquoi, dans cette séance, il nous a semblé intéressant de voir si les enfants étaient capables de savoir lire et interpréter seuls une image et un slogan et, surtout, d’argumenter leur choix par rapport à ces deux éléments.

Nous avons donc mené de front le problème posé par le double codage de l’Image et du message écrit, et de leur lien, ceci afin d’évaluer le degré de compréhension du message publicitaire.

L’Image et le texte (slogan) sont tous deux, par définition, polysémiques. Le rapport entre les deux peut-il donner un sens à l’Image ?
 
 

1 – 2 – 3 - Les objectifs passés pour le 1er exercice.
 
 
Nous écrivons d’abord le slogan "Devenez un accro du tricot, opération glisse du 8 au 18 novembre ". Nous demandons aux enfants s’ils connaissent tous les mots afin d’appréhender leur niveau de langage. Si certains ne leur sont pas connus, les enfants cherchent une définition à donner à leurs camarades.

Nous avons ensuite affiché les images du premier exercice au tableau et nous avons demandé aux élèves de nous décrire ce qu’ils voyaient. Ceci nous permettant d’évaluer leur technique de dénotation d’une image.

Cet exercice exigeait une seule phrase afin que nous puissions nous rendre compte des possibilités de connotation de nos jeunes déficients auditifs.
 
 

1 – 2 – 4 - Analyse et interprétations des réponses

Les enfants ont relié le slogan " Devenez accro du tricot, opération glisse

du 8 au 18 novembre " à des images comportant des vêtements car ils ont essentiellement porté leur attention sur le mot " tricot ".

Ils ont pourtant été " interpellés " par la présence du mot " accro " mais uniquement attaché à la notion " s’accrocher à ". Ils n’ont pas vu du tout la " dépendance ".

Toutes les Images de glisse (surf à l’océan, ski à la montagne, …), ils les ont totalement mises de côté dès le début à part celle du berger qui dévale les pistes avec un mouton dans les bras car ils y voyaient encore la laine et donc le tricot.

Par ailleurs, ils ont eu beaucoup de mal à se dégager du texte au moment de leur argumentation écrite. Ils ont repris les mots contenus dans le slogan. Un seul élève, à l’oral, a parlé de la seconde partie du slogan. Il a rapproché le mot " glisser " au tricot car " lorsqu’ on glisse, on a froid, et il faut se réchauffer dans un tricot ".
 
 

1 –2 – 5 - Consignes du deuxième exercice
 
 
Nous avons affiché l’image d’un personnage de dos et nous avons demandé aux élèves : " Que voyez-vous ?  À quoi vous fait penser cette photo ? ".

Après nous leur avons distribué la photocopie de l’image du tableau ainsi qu’une feuille contenant 11 slogans.

Ils devaient avec ces éléments créer leur propre affiche publicitaire en collant un slogan sur l’image et ensuite argumenter leur choix.
 
 

1 – 2 – 6 - Analyse et interprétations du deuxième exercice
 
 
Dans un premier temps, les jeunes ont décrit les différents éléments de l’image : les ongles, les cheveux, les vêtements, les bijoux, les couleurs et la position du personnage. Puis, petit à petit, ils ont émis des hypothèses et sont un peu entrés dans la phase de connotation :

" C’est un skin, s’est exclamé l’un d’entre eux, parce qu’il a une crête à la place des cheveux ". Il a fallu que l’élève explique aux autres de façon plus précise ce qu’était un skin, car ses camarades n’en avaient aucune idée.

Puis, par le biais de la création de leur propre " publicité ", les enfants ont pu exprimer, chacun à leur tour, leur propre connotation de l’image :

1 – 2 – 7 - Conclusion de cette séance
 
 
Nous nous rendons compte dans ces deux exemples que l’enfant sourd n’appréhende pas l’image dans sa globalité mais plutôt de façon parcellaire. Il va s’accrocher à de petits détails (ongles, cheveux…).

Nous pouvons faire un rapprochement avec leur lecture car, dans les exercices, on s’aperçoit que les enfants ne s’attachent qu’à un bout du slogan. Par exemple " tricot " pour le premier et " skin " pour le deuxième. Cette prise d’indice induit chez les enfants un message dont ils ne peuvent se détacher. Tout ce qui est sous-entendu dans le message n’est pas accessible dans un premier temps pour le jeune sourd. Il faudrait le travailler.

L’enfant sourd établit un lien non pas entre l’image globale et le slogan en entier, mais entre un détail de l’image (vêtement) et un mot du slogan (tricot).

Nous pouvons donc dire, par rapport à notre population d’enfants sourds que ces élèves éprouvent autant de difficultés à faire une lecture d’image qu’à faire une lecture de texte. Il y a un certain parallèle. L’image est lue par le biais d’indices tout comme le texte, et l’enfant a du mal à trouver les liens entre eux afin de réaliser une unité globale qui pourrait produire du sens. Il ne peut parvenir à élaborer un sens sous entendu.

Donc, en prolongement, pour favoriser sa réflexion, il faudrait continuer à travailler les échanges d’idées et l’argumentation, mais également travailler ce comportement de lecteur face à l’image car cette dernière est toutefois plus ludique que le texte. Elle nous a prouvé ici qu’elle pouvait à la fois enrichir le vocabulaire, la pensée et l’imaginaire de l’enfant.
 
 

1 – 3 Travail autour d’images publicitaires animées
 
  1 – 3 – 1 - Pourquoi cette séance
 
 
Afin d’attirer la curiosité des élèves, nous varions un peu le support Image. Nous prenons deux publicités télévisées : BMW et Fixations de ski.

Dans un premier temps, nous amenons les enfants à réinvestir ce qu’ils avaient acquis autour de l’image fixe, à savoir comprendre les apports du texte pour l’image, trouver le décalage s’il y a lieu, et ajouter les mêmes liens qui peuvent exister entre le son et l’image (car nos élèves ont quelques restes auditifs et qu’il nous a paru important de voir s’ils les utilisaient réellement ou pas).

Nous avons voulu insister sur le fait qu’un message visuel (sorti de son contexte écrit/son) ne suffit pas à lui-même.

Le deuxième objectif est davantage basé sur la lecture technique de l’image animée et l’emploi d’un vocabulaire précis et commun à ce genre de travail.
 
 

1 – 3 – 2 - Matériel utilisé
 
 
Pour réaliser cette séquence, nous avons besoin d’un téléviseur, d’un magnétoscope avec arrêt sur l’image, des deux publicités BMW et Fixations de ski, d’une petite voiture et d’un cadre de diapositive.

On a choisi ces deux publicités par rapport à leur intérêt :

1 – 3 – 3 - Les consignes Dans un premier temps, nous n’avons visionné que le première partie de la publicité BMW sans le son. Nous avons demandé aux enfants ce qu’ils avaient vu, de quel genre de film ou d’émission ce passage avait été emprunté. Ceci nous permettant d’analyser leur connaissance des images animées. Nous pouvons également appréhender si leur lecture s’est un peu " globalisée ".

Nous leur avons également demandé quels sons, quelles musiques, ils auraient pu entendre afin de déterminer le degré de travail de l’audition effectué par chacun, et surtout, afin de bien les préparer à écouter le message.

Dans un second temps, nous avons visionné le même passage avec le son et nous leur avons dit qu’il s’agissait d’une publicité. A partir de ces deux éléments, nous voulions qu’ils se rendent compte que pour comprendre un message, il leur manquait encore quelque chose. Ils ont donc émis des hypothèses sur les intentions de cette publicité.

Pour la troisième fois, nous avons visionné la publicité, mais cette fois, en entier,

afin que les élèves puissent vérifier leur hypothèses et expliquer collectivement le message.

Pour finir, nous abordons la lecture technique de l’image animée. Nous demandons aux enfants de compter les différentes parties de la publicité et ensuite le nombre de plans réalisés. A partir de là, ils doivent émettre des hypothèses sur la position de la caméra et sur le nom de chaque plan afin d’intérioriser de façon ludique ces définitions.

1 – 3 – 4 - Analyse de la séance
 
 
Lors du premier passage, les enfants ont commencé par nous dire qu’on avait oublié le son, et que les images correspondaient à un documentaire car elles expliquent comment " la voiture se casse dans un accident ". Ensuite, ils ont parlé de publicité, car certains la connaissaient. Par contre, en ce qui concerne le son, ils ont pensé tout d’abord à des bruits, des bruits forts de carrosseries qui se cognent, puis à de la musique assourdissante comme du rock.

Au moment du visionnement avec écoute, leur première réaction fut la stupéfaction en reconnaissant la chanson " Petit Papa Noël ", puis les rires de décontraction.

Ensuite les enfants ont cherché le lien avec la chanson :

Ensuite, une fois visionnée la publicité en entier, ils se sont senti confortés dans leur idée. Nous avons lu le slogan " pour Noël, offrez à vos enfants un papa qui dure longtemps ". Et là, ils ne comprennent plus rien : " Peut-être que la voiture est pour papa ?".

Nous avons regardé la première partie de la publicité pour faire ressortir que les mannequins de la voiture accidentée était indemnes et que ce véhicule était une BMW. Malgré cela, il a semblé très difficile aux enfants de faire le rapprochement avec le slogan dont la syntaxe était assez étrangère à celle que les enfants ont l’habitude de rencontrer.

La partie technique leur a paru plus simple. Nous avons donc demandé aux enfants le nombre de plans (notions que nous avions étudiées dans une séquence précédente) et de nous dire où se trouvait la caméra au moment de la prise de vue. Ce travail leur a semblé évident. Pour les aider à trouver le nom de chaque plan, nous leur avons donné un cadre de diapositive en guise d’objectif de caméra et une voiture miniature. Les enfants se déplaçaient donc autour de la voiture et s’arrêtaient lorsqu’ils avaient le bon plan. Ainsi, ils ont réussi à découvrir le gros plan, le plan de face, le plan de profil, le plan de dos et le plan en plongée.

Ensuite, en exercice de réinvestissement, ils ont réalisé le même travail sur la publicité " Fixation de ski ". Là, ils ont été tellement concentrés par ce qui leur avait été demandé, qu’ils n’ont pas du tout été dérangés par les deux travellings et ils ont trouvé seuls le " contraire " de la plongée : la contre-plongée.
 
 

1 – 3 – 5 - Conclusion de cette séance
 
 
Depuis le début des séances, les enfants prennent de l’assurance au niveau de l’oral et de l’expression. Ils font de plus en plus attention aux réflexions des copains, et commencent à argumenter leurs explications. Ils ont encore des difficultés pour comprendre les tournures de phrases ou des concepts qui pourraient nous sembler simples voire familiers, comme le concept de classement qui leur avait été demandé lors d’une séance précédente. Le problème résidait dans le fait que pour eux, classer était une activité mathématique.

Nous avons pu constater que ce travail sur l’image paraissait aux enfants assez ludique pour acquérir de nouvelles notions. Leur intérêt est évident car , chaque jeudi, ils étaient impatients de connaître les nouvelles activités proposées et de trouver les solutions.

Tout le vocabulaire précis appris est d’abord compris, puis réinvesti de manière plus ou moins spontanée. Parmi les champs lexicaux employés, on trouve le champ sémantique sonore :

Pour que ces acquis ne se limitent pas à un seul genre d’exercice, il faudrait que les suites possibles aident le sourd à faire des liens entre les différentes disciplines touchées. Ainsi, il pourrait arriver à mieux maîtriser la polysémie de certains mots.

L’Image doit donc être utilisée plus fréquemment. Ainsi sa lecture deviendra plus spontanée, et seront éliminés au maximum les contres-sens. L’image est visiblement aussi difficile à lire pour un sourd qu’un texte écrit.
 
 

1 – 4 - Conclusion sur la lecture d’images publicitaires
 
 
Dans les Instructions Officielles, on nous parle de stratégie d’apprentissage de la lecture et ceci s’applique parfaitement à la lecture d’images : " La pratique régulière de la lecture et de l’écriture d’une part, des exigences accrues dans le domaine de l’expression écrite et orale d’autre part, améliorent la qualité de la langue sur lesquelles l’élève peut amorcer une réflexion " … " L’élève apprend à questionner, à répondre, à expliquer et à justifier : sa capacité gagne en qualité et en complexité, sa connaissance de la langue s’enrichit et se précise ".

Tout ceci, nous avons pu le constater par ces quelques séquences. L’Image a permis à ses enfants sourds d’utiliser les modalités d’apprentissage de texte de façon plus ludique. Ils ont également développé leur imaginaire, l’un des objectifs primordial de la communication.
 
 

2 – Ouvertures pédagogiques possibles

Dans ce paragraphe, je vais proposer des pistes pédagogiques possibles que je n’ai pu réaliser faute de temps, mais qui pourront m’être utiles dans ma pratique future auprès de jeunes sourds.

Pour suivre de près les Instructions Officielles, aussi bien en arts plastiques qu’en expression écrite, il me semble tout à fait logique de monter avec des enfants de cycle 3 un projet de bandes dessinées(BD).

En effet, la BD permet d’exploiter tous les types de textes prévus dans les programmes de l’école élémentaire. Au cycle 2, l’expression écrite est préconisée par " la rédaction de texte à fonctions diverses : récits, lettres, réponses à des questions, légendes de dessins ou de photographies, bulles de BD, affiches,… " Au début du cycle 3, on demande aux enfants de travailler sur " les règles de la conception, de la composition et de la rédaction, construction de courts textes pour relater un fait, inventer une histoire ". A la fin du cycle 3, les enfants doivent être capables de " reprendre, corriger et améliorer leur travail antérieur… en utilisant différents genres, notamment le style narratif ".
 
 

2 – 1 - Savoir analyser
 
 
Matériel : BD simplifiée de l’homme qui tombe dans l’eau et la BD de l’homme qui marche dans la rue.

Objectif : le premier objectif de cette progression serait l’étude du récit en images. La succession de vignettes donne l’impression d’un déroulement dans le temps. Il s’agit d’une suite d’actions qui se lisent de gauche à droite, et de haut en bas.

Déroulement : on propose, à la classe, pour commencer, la première histoire et on pose la question suivante : " que fait l’homme ? ". A chaque élève, on demande de reprendre son interprétation et d’indiquer très précisément le détail de l’environnement qui lui permet de justifier son point de vue. Pour affiner l’analyse, on pose des questions supplémentaires sur le lieu, l’heure, la saison…

Dans un second temps, nous demanderons aux enfants de décrire tous les éléments qui sont utilisés pour faire bouger la personne ou le décor. Et pour approfondir le travail, on passera à la deuxième BD.

Donc, par le jeu de questions, on fera ressortir quelques procédés techniques afin de faire prendre conscience aux enfants des différents effets induits par les différents codes de l’image et ainsi affiner son regard. Cette fonction du regard paraît essentielle à développer chez des enfants sourds afin de les amener à réfléchir et à mieux s’exprimer sur ce qu’ils voient et ce qu’ils ressentent.

2 – 2 - Savoir composer
 
 
Il faudra ensuite consacrer une partie de la progression à l’étude des points forts et des lignes directrices qui sous-tendent une images avant de passer à la réalisation d’une suite de vignettes dessinées.

Il s’agira de faire découvrir aux enfants comment est construite une image. On leur donnera une feuille avec autant de rectangles de mêmes formes et de proportions que ceux de la BD que nous leur montrerons au rétro-projecteur (Boule et Bill). Puis nous leur demanderons ce qui attire l’œil et ce qui est mis en valeur. Par un jeu de lignes que nous leur ferons antérieurement tracer, les enfants noteront schématiquement dans les cadres l’emplacement du point " d’aimantation ". Les élèves constateront qu’on peut souvent partager une image en 3 tiers verticaux ou/et horizontaux, et que les points d’aimantations se trouvent dans la plupart des cas dans un de ces tiers ou à l’intersection de la limite d’un tiers vertical ou horizontal.

Le but recherché sera de leur faire comprendre que toute Image a été " pensée " préalablement à sa réalisation et qu’elle répond à des règles de construction qui constituent en quelque sorte son armature.

Cet exercice pourra être repris ultérieurement sous une autre forme. On placera du papier calque sur une BD et on tracera des lignes obliques ou parallèles aux bords et on repèrera les éléments situés sur les points où le regard se pose naturellement.

2 – 3 - Travail sur les différents champs et plans d’une image

Pour faire comprendre aux enfants les différents champs, il s’agira de prendre en photo un individu dans la cour, ensuite on collera celle-là sur une feuille et les enfants devront dessiner tout ce qui n’a pas pu entrer dans le cadre de la photographie, puis, tout ce qui se trouve en face de la personne (ce qu’elle regarde). Par ce biais, nous espérons que les jeunes sourds n’oublieront pas au moment de la réalisation de chaque vignette que la scène qu’ils représentent peut être induite par des éléments qui sont à l’extérieur du " champ", dans le " hors champ ".

Pour en terminer avec les problèmes techniques inhérents à l’image, il conviendra d’étudier les différents plans et les intentions qu’ils suggèrent.
 
 

2 – 4 - Travail d’écriture
 
 
2 – 5 - Travail en art plastique
 
 
Parallèlement à la lecture d’images, nous pourrons étudier différentes techniques utilisées par de grands peintres, des dessinateurs et des photographes de toutes les époques. Les jeunes déficients auditifs se familiariseront avec ces techniques par des manipulations de matières à la manière des artistes de référence.

Lorsqu’ils les auront intériorisés, ils tenteront de créer les dessins de l’histoire de plusieurs façons, soit à l’aide de gouache, de craies, de papiers déchirés ou collés et de collages. Les personnages de l’histoire pourront être décalqués ou non sur des décors différents, réalisés en pâte à modeler et placés devant des décors afin d’y être photographiés.

Ce travail sera naturellement produit par groupe de manière à obliger les enfants à communiquer et à utiliser un vocabulaire précis, commun à tous, tout en faisant appel à leur imagination.

Conclusion :

Le jeune déficient auditif utilise la vue pour palier son handicap. Il apparaît dans ce dossier, que la lecture d’images est assez technique et qu’il faut la travailler pour comprendre l’environnement qui nous entoure.

En effet, même si l’image nous transmet de nombreuses informations sur les mondes passés et les phénomènes actuels, il faut savoir les déchiffrer correctement. Et ceci n’est pas inné, particulièrement pour un enfant sourd.

Ce jeune doit apprendre à lire une image comme on apprend à lire un texte. L’enseignant devra s’appuyer sur ces capacités à dénoter l’Image. De là, il lui fera travailler la prise d’indices, l’analyse, la réflexion critique de manière à accéder au sens réel. Il montrera qu’il existe dans toute image une polysémie, afin que le jeune se libère de ses perceptions primitives.

Par le biais des connaissances intellectuelles et théoriques, l’enfant sourd se construira donc un savoir objectif, ainsi qu’un lexique élargi.

À partir de l’image, le travail sur le vocabulaire et la syntaxe en français est ainsi mieux accepté du fait de l’aspect ludique de l’activité. C’est ainsi que , dans notre atelier, les enfants, qui, au départ, étaient assez timides dans la prise de parole ont appris, au fil des séances, à attendre leur temps de paroles en écoutant les autres. De plus, ils ont pris de l’assurance au niveau de l’oral car nous n’avions plus besoin de leur demander de parler plus fort afin d’être intelligibles.

L’image, par son aspect ludique, permet également au jeune sourd de libérer la créativité qui lui est personnelle, et ainsi développer sa conscience de soi.
 
 
 
 
 
 
 
 

BIBLIOGRAPHIE


Colloques :

" L’accès au Français écrit et Éducation Bilingue de l’enfant sourd " Christian CUXAC

Éducation des sourds, point de vue médical et point de vue sociolinguistique.

" Pourquoi parle-t-on de culture sourde ? " Rose-Marie RAYNAUD
 
 
Livres :
La mémoire et les rythmes, Albin Michel,1965. Mémoires :
CAPSAÏS option A 1991-1992
CAPSAÏS option G 1992-1993
CAPSAÏS option A 1999-2000

Revues :

" L’image ", les publications de Montlignon, n°21 Technologie Enseignement Général, Ministère de l’Education Nationale,

Centre de la Direction des Lycées et Collèges

Arts et Thérapie, n°60/61, 1997. Dossier sur la surdité, Nouvelles Pratiques Sociales, volume 6, n°1, Printemps 1993
 


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