SOMMAIRE
I / QU'EST-CE-QUE L'ACTIVITÉ AQUATIQUE EN E.P.S ?
B / La natation un atout important en E.P.S
C / Les
compétences transversales développées par la natation
II / LES DIFFÉRENTS ASPECTS DU TRAVAIL AVEC L'EAU POUR L'ENFANT SOURD
A / Les évolutions psycho-affectives indispensabes à l'investissement corporel
B / Les avancées psycho-motrices nécessaires à une progression en natation
C / Comment aborder ce
travail avec l'eau?
III / LES NÉCESSITÉS D'ADAPTATION
A / La sécurité corporelle et la prise de risque
B / Les modes communication mis en place
C / Les exploitations
de l'activité aquatique
I / PRÉSENTATION ET OBSERVATION DE LA CLASSE
B / Déroulement et
analyse des séances
II / LES PROGRÈS DE TROIS ÉLÈVES AU NIVEAU PSYCHO-AFFECTIF ET MOTEUR
C / M., il est perfectionniste
III / LES AVANCÉES TRANSDISCIPLINAIRES DANS LES ACTIVITÉS MISES EN PLACE
Lors de mes stages pratiques , en atelier lors de la formation CAPSAIS , j'ai pu constater que l'éducation physique et sportive était largement absente des emplois du temps et l'activité aquatique n'était qu'un fait rare ou occasionnel . Or, pour l'enfant sourd , la pratique d'un sport apporte beaucoup : connaissance et maîtrise de son corps , épanouissement , réguler , communication étroite avec un moniteur , un partenaire , une équipe … sans compter l'ouverture sur le monde avec un enrichissement culturel .Enfin , une finalité non négligeable : le plaisir , tout simplement .
Dans une deuxième partie, nous présenterons et observerons une classe lors de l'activité aquatique afin de faire une analyse critique des séances. Cela nous permettra d'analyser les progrès de trois élèves et leurs répercussions sur leurs projets. Et de façon plus générale sur leur comportement personnel dans la classe. Puis nous constaterons les évolutions des autres projets de la classe comme le projet théâtre et plus généralement le comportement des enfants : leur socialisation.
Au-delà du fait de savoir nager ou non, c'est le rapport
qu'entretient l'enfant avec le milieu qui est formateur, enrichissant et
bénéfique.
I / Qu'est-ce-que l'activité aquatique en E.P.S ?
A / Les finalités de l'E.P.S
Selon les Instructions Officielles du 22 avril 1977, l'E.P.S a cinq principaux objectifs dans son enseignement :
?Donner une hygiène et une santé, on entend par là une aide au développement physique de l'enfant et à son endurance. C'est un moyen de catalyser l'énergie négative dûe à la vie moderne et un moyen d'être en bonne santé ;
?Faire connaître le monde, la prise de conscience des sensations physiques ressenties avant d'être expliquées comme par exemple l'équilibre, le temps , l'espace ;
?Donner des capacités d'action et d'adaptation. L'enfant affine
sa motricité ( courir, sauter, marcher…) , acquiert des savoir-faire
techniques (natation) et adopte ainsi un comportement efficace face à
des situations nouvelles et plus complexes , conduisant à une préfiguration
sportive ;
?Utiliser son corps comme moyen de communication. Il en a et en donne une image qui le pousse à être bien dans ses mouvements. Il prend conscience de l'esthétisme et se libère de ses tensions internes ;
?Contribuer à l'éducation sociale. La pratique du sport l'intègre à un groupe, forge son caractère. L'enfant doit s'adapter et apprendre à respecter, vivre avec les autres. Cette première socialisation doit lui faciliter son intégration sociale en général, par exemple dans ses loisirs extra-scolaires.
B / La natation un atout important en E.P.S
Comme nous le disent les Instructions Officielles de 1995 , pour accompagner
les progrès de la croissance et de l'habileté de l'enfant
il est nécessaire de prolonger les activités physiques dans
des environnements plus complexes ou étrangers . De ce fait , le
milieu aquatique est un élément privilégié
pour développer les conduites motrices , psychologiques et sociales
de l'enfant . Cela explique la part importante que l'Education Nationale
donne à la pratique de la natation.
Evolution motrice : l'apprentissage de l'équilibre dans l'eau
Pour nager, la première difficulté rencontrée
par l'enfant est la recherche de l'équilibre aquatique. En tant
que bipède, notre équilibre terrestre est la position
verticale, l'enfant cherchera cet équilibre vertical dans l'eau
puis après seulement on passera à l'équilibre horizontal
avec de nouveaux appuis pour flotter et se propulser. Puis, il découvrira
l'efficacité de ses appuis et comment passer délibérément
d'un équilibre à l'autre. D'où un paradoxe pour le
travail dans l'eau on apprend à couler avant de flotter, à
maîtriser la verticale avant l'horizontale, à ne rien faire
avant d'agir.
La deuxième difficulté, est la maîtrise d'une respiration
aquatique adaptée. En effet, la respiration est aussi importante
et difficile à résoudre car il faut vaincre son appréhension
et sa peur.
Ces découvertes sont une avancée importante dans la pratique
de la natation et marque un développement sensoriel de la connaissance
du corps. Pour mieux visualiser ce passage de l'homme terrien à
l'homme nageur, voilà un tableau
explicatif :
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POSITION DU CORPS EQUILIBRE |
Vertical Grâce aux bras |
Horizontal Grâce aux jambes |
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par le nez naturelle, spontanée |
par la bouche doit s'adapter au milieu |
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Evolution psychologique : la confiance en soi
Etre bien dans sa tête pour être bien dans son corps
et inversement.
Tout progrès dans la pratique d'un sport est à mettre
en relation avec un progrès psychologique et pour la natation il
faut rajouter une donnée qui est plus importante que dans un autre
sport, l'affectivité. Plus l'enfant aura plaisir à aller
dans l'eau, plus il se libérera de ses craintes, ainsi il osera
entreprendre et essayer des actions nouvelles. Mais beaucoup d'enfants
n'ont pas de plaisir à aller dans l'eau. Ce sentiment de confiance
prend donc une part importante dans l'évolution des capacités
motrices (par exemple équilibre et respiration ) et la prise de
risque. Et peut avoir des répercussions sur le reste des activités
scolaires et extra-scolaires.
Evolution sociale : responsabilité et autonomie
L'enfant doit devenir au fur et à mesure responsable de
ses actions. Il doit être conscient de ses erreurs, les analyser
et avec l'aide du maître, mettre en place des processus de remédiation.
L'enfant est au centre de l'enseignement, il en est le principal acteur
et pour cela il doit engager sa responsabilité. On parle alors de
contrat ou de projet, le but étant de rendre l'enfant indépendant
et autonome.
C / Les compétences transversales développées par la natation
L'activité ne permet pas seulement de développer des compétences
motrices mais joue un rôle essentiel dans le comportement général
de l'individu. L'enfant évolue sur le plan psycho-affectif, social
et cela est visible dans ses attitudes au Savoir; lesquelles pouvant
servir aux autres disciplines. C'est pour cela que l'on peut parler de
compétences transversales.(voir tableau ci-dessous)
- repères sensoriels dans le schéma
corporel
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DISPONIBILITE AFFECTIVE - expériences personnelles avec le milieu (conscient ou
non)
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- coopération
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se responsabilise ( autonomise) s'auto-évalue |
II
/ Les différents aspects du travail avec l'eau pour l'enfant sourd
A / Les évolutions psycho-affectives indispensables à l'investissement corporel .
L'enseignant doit d'abord se rendre compte que l'enfant est dans une
situation de danger. Il doit gérer le fait que l'enfant malentendant
devient, sans ses appareils non entendant. Les règles de sécurité
et la prise de risque doivent être bien évaluées et
connues par l'enseignant et aussi par l'enfant. D'ailleurs le comportement
de ce dernier face à l'eau est lié aux sensations ressenties
et à ses peurs inconscientes ou conscientes. De même les messages
véhiculés par les adultes (parents et enseignant ) influenceront
son point de vu. C'est une évolution vers une responsabilisation
et une autonomie au travers d'un élément médiateur
privilégié.
Choisir l'eau comme élément de base d'expression
met l'accent sur les signes du corps. L'enfant va écouter son corps,
il rentre en communication avec son Moi intérieur, s'engage dans
une communication non verbale entre lui et son corps ; et ainsi va dire
/exprimer ce qu'il ressent. Son corps va véhiculer ses affects,
ses émotions, les images et évocations du monde ; tout un
langage infra verbal qui occupe une place prépondérante dans
la communication même s'il n'emprunte pas le chemin des mots.
Comme le dit Wallon , "l'enfant qui éprouve est sur le
chemin de l'enfant qui évoque". C'est-à-dire que l'éprouvé
est au début de la pensée et constitue les préludes
de l'activité intellectuelle. Ce lien fondamental entre corps et
psychisme renvoit à la notion de "Moi-peau" de Didier ANZIEU
où le corps ressenti se construit sur des alternances et oppositions
fondamentales : tension/détente, dedans/dehors, actif/passif …Qui
vont établir une première séparation entre interne/externe,
le MOI et l'objet.
L'équilibre du tonus renvoit à cette capacité
de l'enfant à réguler ses états toniques entre les
pôles opposés (hypertonie/hypotonie, actif/passif, décharge/contrôle,
intériorisation/extériorisation…). Mes observations durant
l'année de formation et mes entretiens avec les différents
professionnels m'ont montré que certains enfants sourds qui posent
problème ont des comportements ou conduites d'hyperactivité/instabilité
ou au contraire d'inhibition/passivité.
D'où une piste de travail avec ces enfants pour une socialisation
adaptée à un comportement violent, immature et souvent capricieux
dû à des difficultés de communication .
Le contact avec l'eau entraîne une sensation morphologique
liée aux sensations extérieurs de toucher sur la peau. L'enfant
éprouve un plaisir ou un déplaisir qui ne sera comparable
à rien d'autre. D'où des enfants refusant cet excès
de sensations par une réaction d'hypertension des muscles. Ces sensations
sur la peau sont liées aussi aux premiers moments de la vie. A l'origine,
c'est l'eau, le liquide amniotique qui baigne et berce le fœtus. Puis la
perte des eaux annonce la naissance. Ensuite, le premier bain, premier
rinçage. L'eau est présente au premier plan et fait partie
du rituel. De même, le premier réflexe de l'enfant est de
téter, incorporer le liquide bienfaisant maternel.
Dans le milieu aquatique l'enfant va éprouver une mouvance
proche de la vie fœtale, et , comme le souligne SPITZ , "le bébé
est une créature aquatique qui a à s'adapter à un
nouveau milieu aérien , ce qui lui demande une adaptation considérable"
. Il faut s'attendre à ce que les sensations associées à
l'état de flottaison dans un milieu aquatique laissent des traces
( de plaisir ou de déplaisir ) qui entrent dans la constitution
de la première image corporelle ( voir II B ) . Etant d'ordre kinesthésique
et polysensoriel, les premières images corporelles interviennent
dans la constitution de l'enveloppe tonique . Le plaisir et le déplaisir
sont utiles au corps. Ce sont des épreuves corporelles et
personnelles qui impliquent de rencontrer ses angoisses, ses peurs et surtout
de les surmonter. Ainsi le savoir viendra de lui-même dans la pratique
libre de l'élément et l'oubli de l'apprentissage commandé.
B / Les avancées psycho-motrices nécessaires à
une progression en natation
Le travail dans l'eau va complètement changer les axes,
l'équilibre et la dynamique corporelle. Cela privilégiera
des notions de spacialisation et de repérage dans l'espace (avant,
arrière, dessus, dessous, plier, tendre…). Il y a ainsi construction
du schéma corporel et de l'image corporelle.
Selon Françoise DOLTO , le schéma corporel représente
la dimension instrumentale du corps en tant que "médiateur organisé
entre le sujet et le monde". Il correspond à la maturité
neuro-physiologique du corps, à l'intégrité des différentes
fonctions de l'organisme qui nous spécifie en tant que représentant
de l'espèce humaine. Il est à peu près le même
pour tous sauf en cas de maladies ou handicaps (ici la surdité )
; cependant en fonction de la qualité des apprentissages et des
expériences de chacun. Il correspond à des repères
d'espace et de temps liés au corps et à l'extérieur
qui vont construire notre sens de la réalité. Comme le souligne
Wallon , il y a une complémentarité entre le corps
kinesthésique (sensibilité interne) et le corps visuel (construction
sur les repères du monde extérieur).
L'articulation du schéma corporel avec l'image corporelle
est indispensable.
Toujours selon Françoise DOLTO , l'image corporelle est la représentation
inconsciente du sujet dans sa relation à lui-même et à
l'autre. Elle recouvre l'investissement affectif et l'intégration
psychique du corps : le corps en tant qu'objet libidinal et l'image comme
produit de cet investissement ; la mémoire et l'image mentale sont
liées aux expériences de satisfaction.
L'image corporelle va se construire sur deux temps :
- Les images polysensorielles primaires
L'enfant va ressentir par la peau, l'oralité, l'olfaction… Ces
excitations sensorielles sont intégrées par l'enfant dans
le corps à corps avec la mère. C'est une première
élaboration des rapports à l'objet, la recherche de la satisfaction.
Ces modes de ressentis vont être d'autant plus fondamentaux pour
l'enfant sourd qu'il lui manque l'image de l'audition et doit compenser
avec les autres.
- La reconnaissance du corps dans le miroir
Elle correspond au corps perçu par le regard, à un corps
de l'extériorité. C'est une expérience de jubilation,
de découverte et d'intuition de son unité mais il y a aussi
une dimension angoissante parce que c'est une expérience de décollement
et de séparation notamment de la mère.
Dès lors, l'enfant se saisit à travers le visuel. Cet
accès à l'image de soi est une phase décisive dans
la construction de l'identité.
De plus, le corps ne se construit pas en dehors du langage. Il doit
y avoir des mots qui permettent de ressaisir l'expérience et de
la distancier, les mots viennent mettre en forme l'expérience corporelle,
"faire" image mentale. Cela afin de construire une relation qui va humaniser
l'enfant.
Ainsi, l'enfant s'approprie de nouveaux repères (visuels,
tactiles et proprioceptifs ) lesquels vont jouer au niveau de la respiration,
la décontraction musculaire, l'équilibre et de l'action des
membres inférieurs et supérieurs alternativement ou simultanément
avec plus ou moins d'amplitude. Ces nouveaux repères permettront
de construire une posture tonique anticipatrice, (car l'enfant doit tenir
compte de la réponse du milieu et avoir pour cela un certain degré
de passivité ), afin de ne pas se faire déformer par l'eau,
c'est la notion de corps projectile.
Ainsi l'eau va être un intermédiaire tactile entre
soi et les autres pour de certains enfants sourds qui ont un déficit
du corporel. Ce sont des enfants qui communiquent par une langue corporelle
et paradoxalement il y en a qui manque de connaissances et d'investissement
de leur corps. De plus il est évident que les maladies associées
à la surdité (comme les difficultés d'équilibre)
vont rendre plus difficile la prise en charge corporelle dans une activité
sportive. C'est pour cela que l'enfant doit apprendre à connaître
son corps, le mettre dans et par rapport à l'espace. Il s'évalue
au fur et à mesure, prend conscience de ses capacités et
se donne des objectifs.
C / Comment aborder ce travail avec l'eau?
C'est avant tout un travail sur la familiarisation à l'eau. On ne veut pas faire des petits champions mais utiliser le milieu aquatique comme support à des activités afin de développer des sensations et utiliser un mode de communication privilégié pour ces enfants. Il s'agira plus d'une sollicitation que d'une obligation. L'enfant sourd induit des sentiments complexes générateurs d'une surprotection qui vient s'ajouter comme un handicap supplémentaire. Or, ces enfants manifestent une énorme envie de bouger, la prise de risque(bien que paradoxale) provoque du plaisir, des émotions intenses et suscitent la réussite de véritables exploits. L'adulte doit laisser l'enfant faire ses propres découvertes sans trop l'encadrer ou le surprotéger.
L'enseignant aménage et contrôle le milieu aux possibilités
et besoins des enfants notamment dans le cadre de projet individualisé
où chacun aura
des objectifs correspondant à ses capacités et non en
fonction d'une évaluation sur critères. Il joue sur les buts
, les containtes de la tâche et réorganise les répétitions
pour provoquer l'apprentissage . Il s'agit de favoriser les expériences
de l'enfant .
Il s'agit plus ainsi d'une évaluation clinique . C'est-à-dire
comment l'enfant se mobilise et s'approprie le sujet . Cette évaluation
est centrée sur la personne dans toutes ses composantes: affective,cognitive
et relationnelle . Il faut écouter, questionner l'enfant et favoriser
des moments de parole ; c'est ainsi qu'on évalue les avancées
de l'enfant.
Ainsi on aide l'enfant à accepter son handicap , à
se situer par rapport aux autres ( handicapés ou non ) et à
progresser comme tous . On met en place une pédagogie de projet
où l'enfant est autonome et acteur de ses apprentissages .
III / Les nécessités d'adaptation
A / La sécurité corporelle et la prise de risque
La sécurité corporelle est d'abord liée
au contrôle de la verticalisation et de la marche. Le contrôle
de la station debout n'est pas encore le jeu de la prise de risque proprement
dit, cependant, il est à l'origine d'un premier sentiment de sécurité
qui se construit lors de ces premières expériences corporelles
. L'enfant sourd acquiert cette station debout et la marche avec plus de
difficultés qu'un autre car il ne perçoit pas les indices
de son environnement par le canal auditif ; et ; cela sera d'autant plus
vrai qu'il aura des problèmes d'équilibre associés
à sa surdité. C'est grâce à cette avancée
qu'il différenciera ce qui est de l'ordre de la réalité
imaginaire et de la réalité extérieure. L'enfant sort
ainsi de l'omnipotence imaginaire.
Comme le dit Paul Fernandez , la compétence principale recherchée
dans les activités à risques peut être définie
par "la capacité de se rééquilibrer en permanence
sur des appuis mobiles". Pour la natation cela est d'autant plus vrai que
l'équilibre est dans la flottaison qui résulte d'un processus
dynamique de déséquilibre et de rééquilibre
permanent. Cela nécessite des ressources à la fois motrices,
cognitives et affectives. Le plaisir naît de cette confrontation,
de la traversée de cette épreuve dont l'enfant se sort grandi
et renforcé dans ses possibilités. Ainsi, le rapport sécurité/prise
de risque est fondamental sur le plan psychique. En natation, il faut gérer
le risque de noyade. On est dans un milieu inconnu qui n'est jamais complètement
maîtrisé et qui bouleverse nos repères sensoriels habituels.
L'eau pose le problème de l'enveloppe que constitue la peau, laquelle
est complètement immergée. C'est le fait de prendre conscience
de ses peurs et angoisses qui permet à l'enfant de progresser dans
l'activité.
Il faut ajouter que dans l'activité aquatique avec l'enfant
sourd, l'enseignant et peut-être des parents doivent rentrer dans
l'eau avec les élèves. Il s'agit d'assurer une surveillance
constante sans entraver l'évolution de l'enfant. Il faut trouver
une bonne distance de sécurité qui permette un à l'enfant
d'expérimenter et deux à l'adulte d'intervenir en cas de
danger.
Cela est d'autant plus vrai que les enfants malentendants à
la piscine deviennent sourds car ils ne portent plus leurs appareils. Pour
interpeller, il faut toucher ou arrêter.
Cependant les enfants entendants, à cause du bruit autour du
bassin et du mode déplacement nécessitant l'immersion de
la tête, sont à certains moments dans le même cas. Il
est donc intéressant de constater que ces enfants entendants lors
de l'activité sont confrontés à peu près aux
mêmes difficultés que des enfants sourds.
Pour finir, les adultes qui encadrent l'activité doivent
se sentir en confiance face à l'eau car les appréhensions
et tensions sont ressenties par l'enfant et peuvent le bloquer. De même,
l'image du milieu aquatique véhiculée par les parents influence
le plaisir ou le déplaisir de l'enfant à participer à
ce sport où la prise de risque est essentielle pour réussir.
L'enseignant spécialisé trouvera aussi sa place dans l'activité
en tant que médiateur de la communication avec la Langue des Signes
Française entre les enfants et le maître nageur. Sa participation
valorisera l'activité et l'enfant sera reconnaissant de pouvoir
partager cela avec son maître ou sa maîtresse.
B / Les modes communication mis en place .
Les modes de communication seront variés selon
le besoin des enfants mais aussi du fait de la complexité de l'activité
à mettre en place. Il sera important de les varier pour s'assurer
de la compréhension des consignes et des progrès de chacun.
Le premier est le plus spontané et informel, le "dialecte
gestuel". Il ne nécessite pas la connaissance d'un code préétablit
et est accessible à tous en faisant un minimum d'effort d'articulation.
L'enseignant parle et en même temps montre les exercices à
faire, ainsi l'enfant peut associer lecture labiale et gestes. Les
limites sont la possibilité de ne pas pouvoir tout faire comprendre
avec précision et la nécessaire simplicité des consignes.
Le second est évidemment la Langue des Signes Français
mais son utilisation pose le problème du niveau de compétence
de l'enseignant et des élèves. En effet, il s'agit d'une
langue qui permet une communication privilégiée mais pour
ceux qui la maîtrisent moyennement ; il reste à préparer
soigneusement les séances avec les mots à utiliser. De même,
si l'enfant est engagé dans le Langage parlé complété,
il sera utilisé comme moyen de communication.
Il va s'en dire que le support écrit est à mettre en
avant et cela quelque soit le niveau de la classe. L'enfant devra pouvoir
se référer à des consignes/phrases écrites,
notamment en faisant une préparation en amont et en aval des séances
de piscine.
Ces supports écrits pourront être illustrés par
les élèves qui donneront ainsi une idée précise
de comment ils se représentent l'activité. Essayer de mettre
par écrit ou sous forme de dessins ses impressions et expériences
est un bon moyen pour l'enfant d'accéder ou donner un sens à
l'activité et de faire du Français (on retrouve ici la transdisciplinarité).
Les modes communication vont dépendre aussi des intervenants
qui sont dans la piscine. Ainsi, l'enseignant participera à l'activité
pour soutenir l'action pédagogique et servir de lien entre les enfants
et le maître nageur.
Tous ces moyens de communication doivent être vus dans
leur globalité. En fonction de la situation, ils seront à
choisir mais tous ont leur importance et doivent être utilisés
pour laisser à l'enfant le choix de son mode d'expression.
C / Les
exploitations de l'activité aquatique
Comme nous le montrons précédemment l'activité
aquatique développe des compétences motrices mais son exploitation
permet aussi de mettre en place un ou plusieurs projets en fonction des
compétences transversales développées.
Ainsi, il m'a été donné de voir des projets d'écriture
directement liés à celui de natation. Ils abordaient les
différents types d'écris notamment prescriptif (rédaction
de fiches techniques ou d'un règlement) et narratif (récit
des séances de piscine où l'on raconte ses progrès,
ses différences, ses plaisirs…).
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'avec un peu d'imagination et de recherche
la natation peut servir de motivation pour aborder d'autres disciplines
plus "scolaires". L'essentiel étant de mettre l'enfant au centre
du projet et de le valoriser.
DEUXIEME PARTIE
I / Présentation et observation de la classe
A / La classe
J'ai choisi de suivre l'activité piscine d'une classe spécialisée
de collège de l'institut Gustave BAGUER, composée de quatre
garçons M. 12 ans, J-C, L. et I. 14 ans et d'une fille R. de12 ans.
Les deux plus jeunes arrivent directement de l'élémentaire
les autres étaient déjà dans la section collège
de l'établissement. Ces derniers doivent être orientés
l'année prochaine en formation professionnelle. M. et J-C sont
oralistes, I. et R. signent uniquement et L. utilise l'oral et le Français
signé en fonction des circonstances. Il y a deux élèves
dysphasiques d'où un aménagement particulier de l'emploi
du temps pour des ateliers de langage, L.S.F et orthophonie.
Pour aller à la piscine, ces enfants forment un groupe de quatorze
avec d'autres élèves de dix à douze ans venant de
plusieurs classes. Les miens étant les plus âgés
du groupe. Il m'apparut intéressant de les suivre car le groupe
est d'une très grande hétérogénéité
et viennent d'horizons différents.
B / Déroulement et analyse des séances
Les séances de natation se déroulent à la
piscine d'Asnières où nous nous rendons avec le car de l'institut,
quinze minutes de trajet à l'aller et au retour. Les cours sont
assurés par les deux professeurs de sport de l'institut, un maître-nageur
et la maîtresse. La surveillance est faite par les maître-nageurs
de la piscine. Les quatre intervenants rentrent dans l'eau avec les enfants
quelque soit le niveau dont ils ont la charge. Cependant la maîtresse
passe dans chaque groupe.
Au vue des évaluations de début d'année, il a
été constitué trois groupes de niveau :
Premièrement, le niveau débutant avec trois élèves
dont c'était la première expérience en natation R.
12 ans, I. 14 ans et X.10 ans.
Deuxièmement, le niveau moyen qui compte le plus grand nombre
d'effectifs avec des huit enfants "nageurs", dont M., c'est-à-dire
ayant des modes de déplacements conventionnels ou non mais qui dans
tous les cas savent se déplacer en appréciant les risques
et qui ont résolu plusieurs problèmes d'adaptation
liés à l'eau. Dans l'ensemble, ils subsistent des problèmes
de coordination des membres et de respiration.
Puis le troisième groupe, "les experts", constitué de
trois d'élèves qui ne sont que des grands de 14 ans maîtrisant
plusieurs techniques de nage(ventrale, dorsale) et sont selon leurs propres
dires à la recherche de la performance.
Les séances commencent toutes par la répartition
des élèves dans leur groupe avec l'occupation des deux piscines,
un grand bain et un petit bain. Chaque groupe a un professeur avec lui
et commence par une entrée au choix dans l'eau et un échauffement
correspondant à leur niveau. Le déroulement des séances
est axé sur la recherche ou la répétition des gestes
du Savoir nager et non sur le plaisir, le ludique. Les enfants passent
et repassent jusqu'à trouver le geste idéal qui sera "la"
réussite tout cela sous le contrôle du professeur.
La mise en place d'une pédagogie de la répétition
n'utilisant pas le ludique pour apprendre est l'héritage d'une habitude
et d'une obsession : pour s'amuser dans l'eau il est obligatoire de savoir
nager et, une activité aquatique est faite pour apprendre à
nager avant toute chose.
Cependant les professeurs se sont montrés d'une grande
diplomatie pour amener chacun à développer ses capacités,
ils ont été à l'écoute des enfants et ont donné
l'exemple. Tous ont d'ailleurs fait des progrès tant sur le plan
de la natation que sur le plan personnel.
II / Les progrès de trois élèves au niveau psycho-affectif et moteur
A / R., seule mais volontaire
R. a douze ans, atteinte d'une surdité profonde, elle a une oralisation incompréhensible et a une lecture labiale moyenne. La crainte de la maîtresse était que les parents refusent cette activité où il faut se mettre en maillot car elle est d'origine maghrebine. Arrivée en France depuis deux ans, elle s'est jetée à corps perdu dans la langue français des signes car elle n'avait aucune langue installée. Elle arrive en classe spécialisée de collège après une seule année en élémentaire. Comme on peu le supposer, il y a de très grosses difficultés scolaires mais le fait d'être la seule fille de la classe ne la perturbe pas et elle est bien acceptée par les garçons. Elle n'avait jamais fait de natation.
Au début de l'activité aquatique, R. était tétanisée, son corps était tendu. Cela a bien pris cinq séances avant qu'elle rentre dans l'eau sans appréhension. Elle ne savait pas du tout nager. Mais elle était très motivée, en effet, dans sa famille on ne pense pas qu'elle puisse faire quelque chose de sa vie et elle voulait montrer qu'elle pouvait y arriver comme n'importe qui.
Aujourd'hui, R. nage dans le grand bain sans ceinture, plonge et participe
même aux courses entre camarades, bien sûr ce n'est pas parfait
mais elle a progressé de façon spectaculaire. Elle a vaincu
sa peur, et c'est sans appréhension qu'elle va dans l'eau et cherche
toujours à faire mieux. D'ailleurs elle le dit, cette année
elle a appris à nager et elle se sent plus en confiance. Dans la
classe son travail s'en fait ressentir, elle est plus attentive et sollicite
plus la parole. Elle s'exprime donne, son opinion et sait que même
en situation d'échec tout n'est pas perdu.
I. a quatorze ans, c'est un enfant sourd profond, il n'oralise pas et a une très bonne lecture labiale. I. vient de Guinée et est rentré directement en classe spécialisée de collège l'année dernière. Cependant, c'est un élève brillant dans la classe, il veut tout réussir et à soif d'apprendre. Il est arrivé avec une langue déjà installée, il lit couramment l'arabe. Il joue un peu le rôle de leader dans le groupe, il est bien dans sa tête et sa peau. Il n'avait jamais fait de natation.
Lors du premier cours, I. a dit qu'il savait nager et a plongé
dans le grand bain sans ceinture. Bien évidemment, il a fallu le
repêcher. La maîtresse ne sait pas s'il a confondu savoir nager
et savoir aller dans l'eau ou, si étant le seul de quatorze ans
ne sachant pas nager, il a été vexé.
Maintenant, I. sait nager et va dans le grand bain sans ceinture, plonge
et fait des courses avec ses camarades. D'ailleurs, le groupe des débutants
n'existe plus, il s'est transformé en un autre groupe de moyen et
même certains moyens sont passés dans le groupe des experts.
Selon, l'enseignante la réussite d'I. est la continuité
de son comportement en classe. Il est arrivé à la piscine
avec un avantage, il n'avait aucune peur de l'eau et n'acceptait pas son
faible niveau. Le regard des autres est important à cet âge
et il l'est d'autant plus que ces enfants sont déjà différents,
puisque sourds. Je pense donc que cela a été déterminant
pour quelqu'un comme I. Son comportement général étant
déjà bon, les progrès sont moins spectaculaires que
pour d'autres. Cependant, Il écoute plus ses camarades et discute
un point de vu de façon plus calme qu'avant. I. est maintenant très
sûr de lui, il a une attitude très détachée
dans la classe et se pose en aide pour les autres.
C / M., il est perfectionniste
M. a douze ans et est atteint d'une surdité moyenne avec
des maladies sur-ajoutées. Il est dysphasique, présente un
déficit visuel léger, à des problèmes de tonicité
musculaire et de motricité simple. Il ne peut pas faire des exercices
de coordination simple et il reste imprécis dans certains gestes.
C'est un élève qui oralise beaucoup malgré de grosses
difficultés de prononciation, sa L.S.F et sa lecture labiale sont
moyennes probablement à cause de ses problèmes de vue. C'est
sa première année en classe spécialisée de
collège et il a fait son école élémentaire
à Baguer. M. est très angoissé comme enfant et son
passage chez les grands s'ajoute à ses angoisses. Il n'est pas mûr
pour la classe et fait "bébé"; ses rapports avec les autres
s'en trouvent affectés. Il refuse de rester seul chez lui et de
prendre les transports seul. M. était à sa troisième
année de piscine.
D'un niveau moyen, M. s'en sort plutôt bien en nage malgré
de grosses difficultés de coordination et une grande peur de l'eau.
Cette peur n'est pas résolue alors que nous sommes à deux
années de pratique et surtout qu'il est arrivé quand
même à progresser. Face aux exercices, M. est tendu, ses gestes
sont rapides, saccadés et il cherche à vite finir pour revenir
au bord. Il sollicitait souvent la maîtresse la priant de faire l'exercice
avec lui.
Selon ses parents, il fallait le "traîner" à la piscine
avec la famille et il ne restait que dans la pataugeoire même avec
l'aide de son grand frère.
Aujourd'hui, M. n'a plus peur. Il est dans l'eau sans crainte et nage
avec aisance. Il s'applique à faire des longueurs sur le ventre,
le dos, il plonge et s'amuse comme on ne l'avait jamais vu faire. Il a
un tonus et une motricité dans l'eau qu'il n'avait pas au début
de l'année.
Ses parents sont venus voir la maîtresse pour savoir ce qui se
passait à l'école car son comportement avait complètement
changé. Il refuse que ses parents viennent le chercher et tient
à rentrer seul, comme un grand, à la maison. Il décide
de rester seul chez lui, quand les autres ont prévu une sortie qui
ne l'intéresse pas. Et surtout il demande à aller à
la piscine avec son frère. Il suit tout ce que le grand fait dans
le grand bain, au plongeoir et lui propose de se mesurer à lui.
Il a confiance et il est de venu un bon nageur.
Dans les autres activités, il refuse maintenant de se laisser
faire, il donne son avis et essaie de se positionner en leader. Il a appris
à accepter de ne pas être le meilleur. Mais aussi que de ne
pas l'être ne veut pas dire ne pas progresser. M. s'investit dans
les projets de la classe, il participe à des activités refusées
en début d'année. Bref, son comportement sur tous les plans
à changer, cela se voit dans son travail scolaire, l'apprentissage
de la langue des signes (il a une meilleure coordination pour signer),
ses relations avec ses camarades et à la maison.
III / Les avancées transdisciplinaires dans les activités mises en place
Du fait des difficultés scolaires et des écarts
importants entre élèves la maîtresse a tenu à
mettre en place des activités favorisants la communication et le
respect. Cela contribuerait à créer un véritable groupe
classe. Pour ce faire, il y a l'atelier théâtre en Français
et langue des signes, l'atelier sculpture et l'atelier piscine, dont ce
mémoire s'est inspiré. Maintenant, voyons comment s'est passé
l'atelier théâtre.
Lorsque l'idée fut émise la seule personne qui
voulait vraiment faire du théâtre était I. les autres
ne voulaient pas se montrer devant leurs camarades. C'était un bon
moyen de travailler la confiance en soi, la langue des signes et le Français,
l'imaginaire, la créativité, la mémorisation… Après
quelques séances de théâtre, les progrès observés
en natation sont apparus en transdisciplinarité.
R. et M. ne voulait pas du tout jouer. R a demandé le premier
rôle dans la pièce et M. un des seconds. R. n'a pas eu peur
du regard des autres et parlait en même temps qu'elle signait. Elle
a fait des progrès considérables en orthophonie : on comprend
mieux sa prononciation et alterne langue des signes et Français.
Elle est plus à l'aise dans son expression sur scène et joue
sans embarras devant des personnes étrangères à la
classe, par exemple lors des répétitions.
M. aussi est plus à l'aise, il s'était mis en spectateur
au début et maintenant il s'exprime, se déplace sur scène
sans difficulté et propose des changements de texte, donne des conseils
aux autres. Son comportement n'est plus celui immature et "bébé"
du début.
Quant à I. , il est à fond dans le projet et cela lui
permet de cadrer un peu son propos. Il a tendance à ne pas structurer
ses pensées et ainsi cela l'aide à être plus clair
quand il s'exprime.
La confiance acquise à la piscine se retrouve dans l'activité
théâtre, les enfants osent des choses nouvelles, prennent
des risques par rapport à ce que l'on pourrait penser d'eux et s'investissent
avec cœur dans l'activité.
B / A propos de la socialisation
Les élèves de la classe se sont démarqués
par rapport aux autres du collège car ils ont été
les seuls à aller en piscine. Ils faisaient des envieux et ont été
mis en valeur alors que dans l'établissement ils passaient pour
les moins bons.
Le contact avec d'autres adultes, non spécialisés les
a confrontés aux difficultés rencontrées hors de l'institut
où tout est fait pour et en fonction d'eux. Ils ont dû s'adapter,
trouver des stratégies pour comprendre et se faire comprendre au
moins pour les choses de base.
Le respect, travail commencé en classe, a continué
à la piscine. Les moqueries ont fait que chacun s'est montré
plus humble et s'est vu avec plus d'objectivité. On a alors assisté
à des transformations : plus d'insultes, de maux méchants
et plutôt une aide où un était valorisé par
son geste et un autre trouvait un compagnon avec qui partager ses problèmes.
Ainsi les enfants apprenaient à s'écouter, s'aider, faire
attention aux autres et travailler en groupe. Cela a été
le point de départ de nouvelles relations dans la classe, avec des
échanges, et des projets communs. Un véritable groupe-classe
s'est créé où chacun s'est fait une place et apporte
sa pierre.
S'il y a bien une dernière avancée dont il faille
parler c'est la confiance en soi. Les élèves au cour de leur
activité natation ont développé une confiance en leurs
capacités et cela a influencé plusieurs autres disciplines;
dans lesquelles ils ont fait des progrès. De plus, quand ils s'engagent
dans une activité cela se fait de façon plus autonome.
Le but du cycle de natation n'est pas de faire de nos élèves
des petits "Popov", mais de donner à chacun des savoirs et compétences
en natation et sur son corps qui lui serviront dans la vie et dans toutes
autres activités sportives.
Le sport, et ici la natation, doit trouver une place dans l'éducation
des enfants sourds qui souvent sont en échec dans les activités
plus "scolaires". La réussite dans une matière va les revaloriser
et l'enseignant doit essayer de créer une émulation à
partir de cela.
Ce mémoire nous montre que la natation a été
un moment privilégié pour la classe que l'on a suivit. Elle
a développé la confiance en soi et l'autonomie. Pour ce faire,
l'enfant a appris à connaître son corps et ses limites physiques,
il a aussi développé son esprit critique, d'analyse à
son égard et à l'égard des autres. Il trouve des remédiations
et s'adapte. Car c'est en prenant conscience de ses problèmes qu'il
réussira et pourra sans cesse évoluer dans l'action et, donner
le meilleur de lui-même. C'est là, la base de la pédagogie
de projet qui motive l'enfant, le rend autonome et acteur de ses apprentissages.
C'est l'enfant qui s'apprend, quelque soit la matière,
dans des situations mises en place "judicieusement" par le maître.
Comme le dit la maîtresse qui m'a accueillie "c'est par l'adaptation
qu'on apprend". Or, travailler dans le milieu aquatique va demander à
l'enfant sourd un travail personnel dont il doit ressortir plus sûr
de lui et grandi. Ainsi, ce sentiment de réussite peut créer
une motivation pour le reste de l'enseignement. La continuité de
ce travail serait de trouver comment utiliser la natation comme support
à la lecture, l'écriture, les mathématiques…
Ouvrages :
- ANZIEU Didier, "Le moi-peau", Ed. Dunod,1985
- BACHELARD Gaston, "L'eau et les rêves", Ed. Corti, 1942
- DONNET Sylvie, "L'éducation psychomotrice de l'enfant",
Ed. Privat,1993
- DOLTO Françoise, "L'image inconsciente du corps", Ed. Seuil,
1984
- FERNANDEZ Paul, "Le développement corporel de l'enfant repères
pour le maître E", Centre national de Suresnes,
- SPITZ René A., "De la naissance à la parole :
la première année de vie",
Ed. Presse universitaire de France,1968
- VADEPIED Alain, "Laisser l'eau faire", Ed. Scarabée, 1976
- VADEPIED Alain, "Les eaux troublées", Ed. Scarabée,
1978
- WALLON Henri, "De l'acte à la pensée", Ed. Flammarion,
1942
Revues :
- E.P.S numéro 280 , novembre-décembre 1999
- E.P.S 1 numéro 73 , mai-juin 1995
- Communiquer numéro 124, Premier trimestre 1996
- Thérapie psychomotrice et recherche numéro 109, 01.01.1997