SOMMAIRE
2. Les freins à la communication avec les entendants
2.1. Qu’entend-on par communication?
2.2. La langue des signes : une autre langue
2.2.1. L’émergence et la reconnaissance de la langue des signes
2.2.2. Les difficultés d’apprentissage de la langue des signes
2.2.3. Les difficultés d’accès à la langue orale pour les sourds
3.1. Internet et l’enseignement
3.1.4. Le Troisième millénaire
3.2. Les spécificités de la correspondance via Internet
3.2.4. L’utilisation d’un “ langage ” propre à Internet
3.2.5. Une « cybercommunication » en commun
3.2.6. Concilier spontanéité de la communication et travail de fond a posteriori
3.2.7. Utiliser des supports variés
4. Le Projet
: donner aux enfants sourds la possibilité de communiquer plus largement
avec des enfants entendants grâce à la
correspondance
via Internet
4.2.2. Internet et l’Education Nationale
4.3. La mise en œuvre pratique des activités de correspondance
4.3.3. La correspondance par e-mail
Mettre en place l’atelier “ e-mail ”
4.3.4. La correspondance par “ chat ”
Mise en œuvre
Exploitation ultérieure du chat dans la lecture
4.3.5. Les apports de la correspondance par Internet pour les sourds
Acquisition d’un savoir-faire technologique
Le nouveau comportement face à l’écrit
Les nouvelles relations
4.4. Les moyens à mettre en œuvre
4.4.1. Le matériel informatique
4.4.2. Les connexions Internet
Ecole Primaire Montaigu (Melun)
Collège Saint-Louis (Lieusaint)
Ecole Laurent Clerc (Champs-sur-Marne)
4.4.5. La formation des enseignants
Avant de commencer ma formation d’institutrice spécialisée,
je n’avais jamais côtoyé de sourds, ni au sein de ma classe,
ni dans mon entourage. Comme la plupart des gens, je les appelais les «
sourds-muets ». Je pensais que, n’entendant pas, ils ne pouvaient
ni parler ni communiquer avec des « entendants ».
C’est seulement au cours de cette formation, en particulier durant
mes stages dans des établissements pour enfants sourds, que j’ai
vraiment pris conscience que l’absence de communication en soi pouvait
être un frein à l’acquisition du langage. J’ai notamment été
surprise, en animant des séquences de français où
les élèves inventaient des histoires, de découvrir
les grandes difficultés qu’ils éprouvaient face à
l’écrit : difficultés à construire des phrases, à
trouver du vocabulaire, à conjuguer les verbes, .... Pourtant, je
pensais a priori que la surdité ne constituait pas un frein à
l’acquisition de l’écrit. Or l’acquisition tardive du langage oral
chez les sourds entraîne un retard dans l’apprentissage de l’écrit.
Celui-ci est au cœur de notre société et, même sans
être illettré, ne pas le maîtriser constitue un réel
handicap.
En tant qu’enseignante, j’ai souvent eu l’occasion de mesurer tout
l’intérêt des activités de correspondance dans l’acquisition
de l’écrit : elles permettent de rassembler, Lire et Ecrire, deux
activités complètement liées et complémentaires.
Mais, la correspondance permet surtout de rendre l’enseignement plus
motivant et plus vivant en introduisant une dimension supplémentaire
: la notion d’échange et de communication avec un interlocuteur.
Prenant conscience qu’il écrit à et pour quelqu’un, l’enfant
apprend aussi à s’adapter à son interlocuteur : il écrit
pour être lu.
J’ai alors réfléchi à la manière dont j’allais
adapter les activités de correspondance pour faciliter le développement
de la communication chez les jeunes sourds, en particulier avec les entendants.
Passionnée d'Internet , j’ai, tout naturellement, pensé à
utiliser cet outil pour développer des activités d’échanges.
Internet commence à être largement présent dans
la vie des français. Bien évidemment, l’école n’est
pas restée à l’écart de ce phénomène.
Cependant il demeure un outil encore peu utilisé au service de la
pédagogie notamment dans ses fonctions de correspondance. Il dispose
pourtant de nombreux atouts : outil de communication, facteur de revalorisation
de l’écrit, lien entre des personnes parfois très éloignés
tant dans l’espace que culturellement, propice au rapprochement autour
d’intérêts communs.
Dans le cadre de l’enseignement spécialisé pour les enfants
sourds, il m’a semblé que les outils de correspondance par Internet
pouvaient permettre une meilleure insertion des jeunes sourds dans la vie
sociale et servir à favoriser la communication avec des entendants
et, par conséquent, leur permettre une meilleure insertion dans
la vie sociale.
Le présent mémoire se propose donc, après avoir
recensé les freins à la communication auxquels sont confrontés
les jeunes sourds, de rechercher comment les lever grâce à
l’utilisation des outils de correspondance par Internet. Dans un deuxième
temps, un ensemble d’applications concrètes, dans le cadre de l’enseignement
spécialisé, sera proposé.
2. Les freins à la communication avec les entendants
2.1. Qu’entend-on par communication?
Communiquer, c’est mettre en commun, c’est à dire livrer ses
idées, ses sentiments puis les confronter à ceux des autres
; c’est aussi par conséquent accepter sa différence. La communication
est basée notamment sur l’échange de signes organisés
qui constituent un langage et par lequel nous transmettons un message.
En 1963 Jakobson décrit la communication comme un processus
reposant sur six facteurs : le destinateur (l’émetteur), le destinataire
(le récepteur), le code, le message, le canal (le contact) et le
contexte.
2.2. La langue des signes : une autre langue
2.2.1. L’émergence et la reconnaissance de la langue des signes
Longtemps les sourds furent mis à l’écart de la société.
Dans les villes, ils menaient une vie misérable tandis que dans
les campagnes ils étaient isolés. Dès la fin du Moyen
Âge, l’apparition de l’imprimerie facilita l’éducation des
sourds. Mais celle-ci resta réservée aux plus aisés.
Cependant les sourds utilisaient entre eux une langue des signes, mais
qui n’était pas institutionnalisée. En 1760, l’abbé
de l’Epée , fut frappé de voir deux sœurs sourdes dialoguer
entre elles par gestes. Il apprit alors à communiquer avec elles
et comprit que ces signes pouvaient exprimer la pensée humaine autant
qu’une langue orale. Il entreprit un projet d’éducation en fondant
en 1775 l’école des jeunes sourds. De cette structure naquit une
langue gestuelle établie par les sourds eux-mêmes. En 1776,
il put rédiger son premier ouvrage : “ Instruction des sourds-muets
”.
L’abbé de l’Epée fut ainsi le premier à reconnaître
la valeur symbolique du geste comme élément linguistique
et donc l’association de gestes, considérés comme une langue.
2.2.2. Les difficultés d’apprentissage de la langue des signes
L’apprentissage de la Langue des Signes Française (L.S.F) sera
d’autant plus facile que le milieu familial est “ signeur ” (personne
non nécessairement sourde maîtrisant la L.S.F). Ainsi, pour
les 4% d’enfants sourds nés de parents sourds, la langue des signes
peut être acquise spontanément comme langue maternelle : c’est
à dire très précocement et sans intervention extérieure
à la famille. Pour cet enfant un réel échange s’installe
avec ses parents et la langue s’acquiert ainsi de façon naturelle.
Les enfants sourds nés de parents entendants, 96% des cas, ne
peuvent recevoir l’imprégnation sonore et verbale de la langue orale
des parents. Ils sont privés de cette langue maternelle qui tisse
les liens affectifs avec leur mère. Toutefois l’enfant sourd a de
grandes capacités à communiquer par signes si on lui en donne
les possibilités : pour être compris, il aura recours à
des gestes ou des mimiques.
Inversement, les parents entendants rencontrent eux-mêmes des
problèmes de communication. En effet, pour garder le contact avec
leur enfant, il leur est nécessaire d’apprendre la langue des signes
auprès d’adultes sourds. Leur première difficulté
réside dans l’apprentissage d’une nouvelle langue : en avoir le
temps, les capacités, l’envie et les possibilités financières.
Quant à la deuxième difficulté, elle vient du fait
que la langue orale et la langue des signes sont deux systèmes linguistiques
reposant sur des structures grammaticales, des modes de pensée et
des cultures différents.
2.2.3. Les difficultés d’accès à la langue orale
pour les sourds
Les difficultés d’accès à la langue orale sont
en rapport avec les degrés de surdité (surdité légère
: perte de 20 à 40 décibels – dB -, moyenne : perte de 40
à 70 dB, sévère : perte de 70 à 90 dB ou profonde
: perte supérieure à 90 dB). Plus la déficience est
importante, plus l’accès à la langue orale sera difficile.
L’enfant sourd profond n’entend pas les modèles de la langue
parlée autour de lui. Dès lors qu’il n’entend pas ce que
dit son entourage, il ne peut organiser son langage spontanément.
Il n’a pas de comportement imitatif et donc n’émet pas de sons ressemblant
à la parole. L’acquisition de la langue orale n’est donc pas spontanée.
Celle-ci fait l’objet d’un apprentissage, ce qui diffère totalement
des conditions d’acquisition, naturelles, de la langue maternelle par un
enfant entendant.
Tout est donc à apprendre : mots, syntaxe, grammaire, ... d’autant
que la langue des signes a sa propre structure grammaticale.
Pendant très longtemps, les Sourds furent considérés
comme des personnes arriérées. Si ce préjugé
n’a plus cours aujourd’hui, il arrive encore qu’ils soient perçus
comme peu intéressés, voire indifférents, aux sujets
d’actualité.
Les Sourds peuvent paraître impolis dans la mesure où
ils ignorent ou ne savent pas utiliser les formules de politesse. En effet,
ils méconnaissent les rituels de communication et les règles
pragmatiques de la conversation : faut-il tutoyer ou vouvoyer le professeur
? Comment demander l’ouverture d’une fenêtre ?
Réciproquement, l’ignorance des entendants sur les modes de
communication avec les Sourds peut être source de méprise
: ils ne parlent pas toujours distinctement, se mettent à contre-jour.
Ils croient souvent qu’il faut s’exprimer en « petit nègre
» avec les Sourds, alors que le langage doit être naturel.
Dans le cadre scolaire, les incompréhensions dues aux préjugés
sont très courantes. Par exemple, les enseignants hésitent
parfois à réprimander un élève sourd fautif.
Dans l’autre extrême, il leur arrive de punir à tort.
« Le terme culture sourde désigne l’ensemble des références
à l’histoire des Sourds, en tant que communauté linguistique,
l’ensemble des significations symboliques véhiculées par
l’usage d’une langue commune, l’ensemble des stratégies sociales
et des codes sociaux utilisés de façon commune par des personnes
sourdes pour vivre dans une société faite par et pour des
entendants. »
Les Sourds se considèrent comme une communauté car ils
ont en commun une langue, des valeurs, des règles de comportement,
des traditions et une identité.
La culture sourde est un ciment solide de la communauté sourde.
C’est ainsi que, paradoxalement, un Sourd se sentira plus proche d’un étranger
sourd que d’un compatriote entendant. Les valeurs des Sourds sont souvent
différentes de celles des entendants ; en effet, celles-ci ne sont
pas seulement issues de l’éducation parentale mais aussi de leur
propre expérience de la différence. Cette singularité
se retrouve, par exemple, dans la vision qu’ont les Sourds de la vie politique,
qui se veut proche des préoccupations quotidiennes mais qui, pour
beaucoup d’entre eux, est bien éloignée de leurs inquiétudes.
Bien évidemment, la force et la vigueur de la culture sourde
constituent des freins à la communication avec les entendants. Les
modalités mêmes de la communication entre Sourds peuvent se
transformer en autant d’obstacles.
A titre d’illustration, les patronymes utilisés habituellement
entre Sourds sont les signes qui leur ont été donnés
par la communauté, généralement dès l’école,
plutôt que ceux donnés par les parents et utilisés
prioritairement par les entendants. Ces signes reflètent un tic,
une particularité physique ou un comportement singulier.
L’entrée en relation est, elle aussi, source d’incompréhension.
Alors que l’entendant interpellera oralement son interlocuteur avant de
lui serrer la main, le sourd signera “ bonjour ” après avoir signalé
sa présence par un appel de la main, une action sur lumière
(allumer puis éteindre) ou en tapant le sol du pied. On notera d’ailleurs
l’importance accordée par les Sourds aux phénomènes
vibratoires auxquels les entendants sont en général insensibles.
Le Sourd entré en relation avec un entendant, peu ou pas au
fait des spécificités de la communication entre Sourds, pourra
être fortement déstabilisé par son comportement : rupture
du face à face ou du cercle de conversation, indispensable pour
les échanges visuels, fermeture d’une porte, synonyme de fin de
communication pour le Sourd, voire appel dans le dos, tolérable
pour un entendant mais fortement générateur d’angoisse pour
un Sourd.
Internet c’est d’abord une histoire de correspondance. En effet, ce
réseau a été créé durant la guerre froide
par les américains pour protéger leurs sites informatiques
sensibles. Les informations secrètes étaient déplacées
d’un point à l’autre par les ordinateurs des centres de recherche.
La centralisation de ces données se faisait grâce à
un réseau maillé, ARPANET
Pour des besoins d'échange et de coopération, plusieurs
scientifiques inventent en 1993 le World Wide Web (WWW ou W3).
Progressivement, le WWW gagne une meilleure capacité de présentation
des informations, plus riche sur le plan typographique pour devenir aujourd’hui
complètement multimédia..
Très vite, la fonction de correspondance a été
créée avec l’invention de l’e-mail . Elle est devenue une
des utilisations préférée des Internautes .
3.1. Internet et l’enseignement
L’introduction d’Internet à l’école s’est faite en plusieurs étapes :
C’est dans les années 70 qu’est apparue l’idée d’une utilisation
pédagogique des ordinateurs. A cette époque l’ordinateur
est cher et complexe, et plutôt destiné aux entreprises.
L’idée d’utiliser l’ordinateur pour la formation naît
alors aux Etats Unis grâce aux thèses de l’enseignement programmé
de Skinner . De 1970 à 1976, cinquante-huit lycées français
sont équipés en micro-ordinateurs.
En 1984, la France lance “ Informatique Pour Tous ” I.P.T, vaste plan
d’équipement des établissements primaires et secondaires
ainsi que ceux de formation des enseignants.
A la fin des années 80, tous les pays européens choisissent
la norme P.C .
On constate que la dépense informatique dans les établissements
scolaires concerne essentiellement la mise à jour et le renouvellement
du matériel, du système d’exploitation (Windows 3, Windows
95, 98), des logiciels de base (traitement de texte, tableur ). Microsoft
est alors le principal fournisseur de logiciels.
Les technologies évoluent rapidement sans jamais atteindre leur
maturité. De plus, beaucoup d’enseignants ignorent les outils informatiques,
éprouvant par conséquent des réticences à les
introduire en classe.
En 1994, on observe une poussée du réseau Internet, avec
le Word Wide Web. L’année suivante, France Télécom
crée son propre service d’accès à Internet : Wanadoo.
On assiste aux premières connexions d’écoles françaises.
En 1996, plusieurs rectorats inaugurent leur site Web et des
plans de raccordement se créent pour les collèges et lycées.
La formation des enseignants à l’utilisation de l’outil informatique
constitue alors une priorité.
En 1997, Claude Allègre, ministre de l’Education Nationale,
présente le plan national pour l’équipement et la connexion
avant l’an 2000 de tous les établissements scolaires publics, depuis
la maternelle jusqu’à l’université.
A ce jour, 60% des écoles ne sont pas encore équipées.
3.1.4. Le Troisième millénaire
Aujourd’hui l’ordinateur et Internet sont omniprésents dans la vie personnelle et professionnelle de chacun. Il importe que le système éducatif contribue à réduire le “ fossé numérique ” et à diminuer le nombre des “ cyberexclus ” . Le système éducatif ne doit pas former des utilisateurs passifs mais des citoyens capables de percevoir les possibilités et les limites des technologies ainsi que leurs incidences sociales.
3.2. Les spécificités de la correspondance via Internet
Destiné à l’origine à l’échange d’information,
Internet est rapidement devenu un outil extrêmement performant de
correspondance : le premier e-mail n’a-t-il pas été envoyé
dès 1971 ! De fait, non content de se prêter particulièrement
bien à la correspondance, Internet ne s’est pas limité à
reproduire les supports existants mais à créé ses
propres outils. Ceux-ci présentent des caractéristiques particulières
qui peuvent utilement être mises à profit pour conforter le
travail pédagogique auprès des jeunes Sourds.
La correspondance via Internet peut prendre des formes multiples :
Appelé aussi courrier électronique, c’est le plus utilisé
des outils de correspondance via Internet. Il permet d’échanger
en quelques minutes, voire quelques secondes, des messages écrits
mais aussi des photos, des films, des sons, … avec tout autre internaute.
Chaque internaute est identifié par une adresse de la forme
nom@fournisseur_d’accès. Pour envoyer un e-mail, il doit disposer
d’un logiciel de messagerie sur son micro-ordinateur ou utiliser une fonction
spéciale sur un site Internet.
Terme anglais, le « Chat » (prononcer “ tchat ”) désigne
la possibilité donnée aux internautes de bavarder («
to chat ») en temps réel, par échange de messages électroniques.
Plus convivial que l'e-mail, il permet de réunir de 2 à plusieurs
centaines d’interlocuteurs.
Les « chats » s’appuient sur l’utilisation de logiciels
de messagerie instantanée aussi divers que puissants. En l’absence
de norme, les internautes se regroupent par logiciel, les plus important
d’entre eux (ICQ, AIM, …) réunissant plusieurs dizaines de millions
de personnes. Par ailleurs, des « chats » ouverts à
tous sont présents sur de nombreux sites Internet.
Si les « chats » restent pour le moment essentiellement
limités à l’écrit, l’image et le son commencent à
faire leur apparition.
Au delà des caractéristiques propres à chacun
de ces nouveaux moyens de communication, certaines, communes à tous,
sont à l’origine de la spécificité de la correspondance
par Internet.
Les échanges électroniques sont immédiats («
chats ») ou quasi immédiats (e-mails, forums). Ils conjuguent
le recul que permet l’écrit avec la réactivité d’une
conversation.
La conjugaison de l’instantanéité et du support écrit,
qui permet l’enregistrement et le retour sur l’échange, donne une
grande liberté, un aller retour pouvant s’instaurer entre des conversations
en temps réels, propices à la spontanéité,
et d’autres plus réfléchies, favorables, elles, à
la réflexion.
L’alternance de ces deux types d’échanges est couramment pratiquée
par la plupart des internautes. Ainsi, les e-mails peuvent être tout
autant des réactions d’humeurs, permettant de manifester une opinion
à chaud, que des contributions plus élaborées ou des
courriers de facture “ classique ”.
3.2.4. L’utilisation d’un “ langage ” propre à Internet
Le développement de la correspondance sur Internet a entraîné
l’apparition d’un “ langage spécifique ” avec la création
d’une syntaxe et d’un vocabulaire propre.
Nécessaire à l’origine du fait des contraintes techniques
(lenteur des claviers, des connexions, nécessité d’économiser
la mémoire, …), ce langage spécifique s’est développé
spontanément.
Il se caractérise tout d’abord par les grandes libertés
prises par rapport à la syntaxe habituelle ; le langage Internet
est avant tout caractérisé par son caractère extrêmement
informel. Le tutoiement est, à ce propos, le plus souvent de rigueur.
Cet aspect informel fait que personne, quel que soit son niveau de formation,
n’est rejeté a priori, même si son niveau d’expression reste
limité.
Par ailleurs, on note l’emploi fréquent d’acronymes, de mots
tronqués ou d’abréviations, parfois issues de l’anglais (MDR
= Mort De Rire, @ + : à plus tard, ….) ou d’orthographe phonétique
( C = c’est ou ses, G = j’ai, …).
Enfin, Internet a enrichi le langage écrit des smileys
(le mot émoticons, en français, est très peu utilisé).
Constitués de signes typographiques qui, regardés après
une rotation de la tête de 90° vers la gauche représentent
succinctement un visage, les smileys permettent d’introduire des émotions
au sein d’un texte :
? :-) = sourire, content
? :-( = triste, mécontent, ...
Très utilisés par les internautes qui ont ouvert un espace
de créativité très important (près de 150 smileys
existent !) , les smileys permettent de relativiser ou au contraire de
renforcer les propos écrits dans la “ vie virtuelle ”, tout comme
peut le faire la partie non parlée du langage (expressions, gestes,
.... ) dans la “ vie réelle ”.
3.2.5. Une « cybercommunication » en commun
L’utilisation d’un “ langage ” Internet, l’absence de formalisme en
ce qui concerne l’orthographe, la syntaxe, ou même la forme des échanges
contribuent aussi à lever les freins liés à la méconnaissance
de la langue : on écrit comme on le veut.
Il en va de même pour les différences de niveau scolaire
ou de culture. Un enfant sourd, pour peu qu’il ait des intérêts
communs avec son interlocuteur entendant, pourra correspondre avec lui.
3.2.6. Concilier spontanéité de la communication et travail de fond a posteriori
La spontanéité de mise sur Internet est un levier puissant
pour aider les enfants sourds à s’ouvrir à la communication
avec les entendants. Pouvant correspondre au même rythme que leurs
interlocuteurs et quasiment en temps réel, ils peuvent s’abandonner
sans réserve au plaisir de la communication et en retirer ainsi
tous ses bénéfices.
L’instauration de ce climat de spontanéité ne se fait
pas au détriment d’un travail plus approfondi sous forme de correspondance.
En effet, l’utilisation de l’outil informatique permet de conserver une
trace écrite de toutes les correspondances quel que soit l’outil
utilisé. Il est alors possible de revenir a posteriori sur les échanges,
afin de porter un regard critique sur l’orthographe et la syntaxe mais
aussi sur la construction de l’échange ou son évolution dans
le temps. L’outil permet ainsi un travail pédagogique en classe,
individuel ou en groupe.
Ce travail peut également se faire a priori, puisqu’il est tout
à fait possible de préparer la correspondance à l’avance
dans le cadre de séquences spécifiques.
3.2.7. Utiliser des supports variés
Si le texte représente aujourd’hui l’essentiel des supports de
correspondance sur Internet, les outils actuels proposent désormais
d’échanger sur des supports variés : photos, images, vidéos,
sons, ...
La variété de ces supports viennent enrichir les échanges
avec les entendants et donc leur contenu pédagogique.
4. Le Projet : donner aux enfants sourds la possibilité de communiquer plus largement avec des enfants entendants grâce à la correspondance via Internet
4.1. Les objectifs du Projet
Le premier objectif est, bien évidemment, de permettre aux enfants
sourds de communiquer à travers une correspondance avec des enfants
entendants. Cependant, il ne sera réellement atteint que si ces
échanges s’établissent dans la durée afin de tisser
une relation extrêmement riche.
Le second objectif du projet est d’utiliser la correspondance sur Internet
comme un outil de communication, servant de support à différents
projets pédagogiques. L’outil doit être suffisamment souple
pour s’adapter à des utilisations pédagogiques différentes.
Depuis longtemps, le monde éducatif a développé
les activités d’échanges basées sur la correspondance
scolaire. Outil de communication par excellence, Internet est donc particulièrement
adapté aux activités éducatives.
Le projet décrit ci-après s’inscrit dans un triple cadre
:
? le cadre général réglementaire régissant
l'intégration des personnes handicapées,
? celui de l’Education Nationale, qui définit les ambitions
de l’institution dans le domaine de l’écrit et de l’utilisation
d'Internet,
? et enfin celui fixé par l’enseignant dans son projet de classe
à savoir l’organisation des activités de correspondance.
Dans les années 70, on observe une prise de conscience nationale
pour l'épanouissement et le devenir des handicapés.
En 1975, la Loi d’intégration des personnes handicapées
dispose par son article premier :
“ La prévention et le dépistage des handicapés,
les soins, l’éducation, la formation et l’orientation professionnelle,
l’emploi, la garantie d’un minimum de ressources, l’intégration
sociale et l’accès aux sports et aux loisirs du mineur et des adultes
handicapés physiques, sensoriels ou mentaux constituent une obligation
nationale ”.
C'est avec la Loi d'orientation sur l'éducation de 1989 («
les technologies modernes au service de l'éducation ») que
l'outil informatique est reconnu en tant que dispositif d'apprentissage
pouvant favoriser la réduction de l'échec scolaire :
"L'informatique est une technique et une science autonome. Mais c'est
également un outil d'enseignement permettant une meilleure individualisation
de l'apprentissage, des situations pédagogiques nouvelles et le
développement des capacités logiques et organisatrices. Elle
peut être notamment mise au service des élèves qui
courent un risque d'échec scolaire".
Enfin la Circulaire du 18 novembre 1991 relative à l'intégration
scolaire des enfants et adolescents handicapés, légitime
l'utilisation pédagogique de l'outil informatique dans l'éducation
spécialisée pour réduire le handicap, préparer
la maîtrise des techniques et favoriser l'expression personnelle.
4.2.2. Internet et l’Education Nationale
Soucieux de ne pas doubler la fameuse “ fracture sociale ” d’une “ fracture
numérique ”, les Pouvoirs Publics choisissent de donner une nouvelle
impulsion à l’utilisation d'Internet à l’école.
L’objectif affiché est de ne laisser aucun élève
sur le bord du chemin menant à la révolution numérique
en donnant à tous les moyens de comprendre et d’utiliser les outils
liés aux Technologies de l’Information et de la Communication dans
l’Education (TICE).
Concrétisation de cette volonté, largement partagée,
il faut le noter, par l’ensemble des sensibilités de l’échiquier
politique, le premier volet du Programme Action Gouvernemental pour la
Société de l’Information (PAGSI) se donne pour objectif que
“ chaque élève, de la maternelle à l’université,
pourra accéder, dans un cadre pédagogique, à une activité
sur un support numérique ou audiovisuel classique : manipulation
et dessin informatique dès la maternelle, courrier électronique
dès le cours élémentaire, accès au Web dans
le cours moyen, travail en réseau dès le collège,
adresse personnelle dès le bac. ”
C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Education Nationale a annoncé,
à la rentrée 2000, que l’ensemble des écoles devraient
être connectées à Internet d’ici 2002. Ce programme
passe, dans un premier temps, par la création d’écoles pilotes
puis, dans un second temps, par un élargissement de la formation
des enseignants.
Ce dispositif a été complété par la création
d’un Brevet Informatique et Internet (B2I) présenté par le
Ministre de l’Education Nationale le 20 Juin 2000. Ce brevet, dont l’objectif
est de sanctionner l’acquisition d’un ensemble de compétences dans
le domaine des technologies de l’information et de la communication, sera
ouvert tant aux élèves de l’école primaire que du
collège. D’ores et déjà, les collégiens peuvent
le présenter, les autres élèves pouvant y accéder
à compter de 2003 à la sortie de l’école primaire.
Les pré-requis nécessaires à l’obtention de ce brevet
sont spécifiés dans le Bulletin Officiel.
La création de ce brevet va, outre faciliter l’acquisition des
connaissances nécessaires à l’utilisation des TICE par les
élèves, certainement donner une impulsion supplémentaire
tant à la diffusion de la culture Internet dans les écoles
qu’à la formation et à la mise à niveau des enseignants
dans ce domaine.
4.2.3. Le projet de classe
Issu de la synthèse des besoins des élèves (recueil
de données, évaluation de départ), de leurs envies,
de la pratique pédagogique du maître, des objectifs généraux
correspondants au cycle scolaire, le projet de classe constitue l'ossature
de nombreuses activités de la classe tout au long de l'année
scolaire.
Ainsi l’utilisation d'Internet peut favoriser la communication des
jeunes Sourds avec des entendants, la socialisation, la citoyenneté,
la culture, et surtout la maîtrise de l’écrit.
« L’accès à une bonne maîtrise de la langue
et de la culture écrite est une condition essentielle scolaire,
et, au-delà, à la réussite sociale. Elle est, pour
cette raison, l’objectif premier de l’école primaire »
4.3. La mise en œuvre pratique des activités de correspondance
Les activités de correspondance décrites ci-dessous représentent
la partie concrète de ce mémoire.
Afin de tirer parti du potentiel d'Internet, ces activités sont
organisées autour des deux principaux outils de correspondance d’Internet
:
? L’e-mail ;
? Le Chat ;
Outre le fait que chacun de ces outils apporte ses spécificités
au service de l’enseignement aux jeunes Sourds, la combinaison de ces deux
supports renforce l’intérêt des élèves en évitant
ainsi toute lassitude.
L’idéal est que les jeunes Sourds soient entrés dans le
monde de l’écrit. Cependant, la correspondance par Internet s’effectue
aussi par l’échange d’images, de dessins ou par l’intermédiaire
d’une webcam .
L’expérience montre que de très jeunes enfants sont rapidement
capables d’utiliser les micro-ordinateurs de façon intuitive. Des
activités peuvent être mises en place, même si les jeunes
Sourds ne savent ni lire ni écrire.
Il existe de nombreuses listes de diffusion, disponibles sur Internet,
notamment sur des sites de classes, indiquant des classes de correspondants
potentiels.
Cependant, il convient d’en choisir une qui permet d’organiser une
rencontre entre les deux classes. En effet, il est important, dès
lors qu’ils sont amenés à travailler ensemble durant toute
l’année, que les enfants entrent en contact physique à un
moment donné.
C’est pourquoi, il semble souhaitable, tant pour des raisons budgétaires
que pratiques, de choisir une classe se situant dans la même région.
4.3.3. La correspondance par e-mail
La correspondance par e-mail est le moyen de correspondance le plus
courant sur Internet. Il se caractérise par l’échange de
messages électroniques entre des élèves, pendant une
période qui peut durer d’autant plus longtemps que la communication
s’effectue de façon asynchrone : les messages peuvent être
échangés selon le rythme choisi par les enseignants.
L’objectif principal est bien entendu de tirer profit de la communication
avec des entendants. Il s’agit par ce biais d’échanger des messages
et d’écrire une histoire collective, afin d’améliorer la
langue écrite, mais aussi la langue orale en lisant des épisodes.
Cependant, l’échange ne se limite pas à l’écrit, le
courrier électronique pouvant contenir, sous forme de pièces
jointes, des photos ou des dessins.
Concrètement, l’activité de correspondance par e-mail
peut s’effectuer en plusieurs étapes :
Mettre en place l’atelier “ e-mail ”
La fréquence s’ajuste selon la motivation et l’efficacité
de cet atelier. A priori je me baserais sur une plage horaire d’une heure
et demie par semaine pour faire de l’atelier un moment attendu et désiré.
Apprendre à se connaître
La première phase de la correspondance consiste, à apprendre
à se connaître à travers un jeu de questions :
“ Qui est qui ? ”
Comment t’appelles-tu ? Quel âge as-tu ? Comment es-tu physiquement
? Quels sont tes passe-temps favoris ?...
J’envoie ensuite une photo de classe accompagnée des traits
caractéristiques des élèves. Les correspondants doivent
ensuite identifier les élèves.
Cette présentation incite l’élève à écrire
: il s’amuse à se décrire.
“ Fais-moi signe ”
A l’aide d’une webcam placée au dessus du moniteur de l’ordinateur,
je demande aux enfants de se présenter en “ signant ”. Chaque enfant
a en effet son signe distinctif qui lui sert de prénom.
“ Où habite-t-il ? ”
Nous repérons les villes d’origine de nos correspondants, puis
nous indiquons par des punaises leur emplacement sur une grande carte de
France accrochée dans la classe.
Cette activité permet à l’élève de situer
les villes par rapport à la sienne, mais aussi par rapport aux autres
grandes villes.
Les devinettes
Les devinettes, bien connues de tous, sont une activité enrichissante
sous couvert d’un divertissement.
Il s’agit pour les enfants sourds de chercher puis d’écrire
une devinette en dactylologie (alphabet gestuel de la L.S.F) afin que les
enfants entendants décodent, puis envoient la solution.
Tout d’abord, nous envoyons l’alphabet dactylologique à la classe
correspondante.
Puis, après avoir installé la police de caractère
de dactylologie sur notre ordinateur, nous posons nos devinettes.
Exemple
quel est l’animal qui marche sur la tete ?
(Quel est l’animal qui marche sur la tête?)
Sensibiliser à la culture sourde à travers des devinettes
: eh oui, c’est possible en s’amusant.
Utiliser la dactylologie avec des entendants, c’est ne pas cacher sa
surdité, c’est s’identifier comme Sourd mais c’est aussi initier
les entendants à la culture sourde.
“ Une histoire de correspondance ”
Les TICE permettent de correspondre avec des dessins, des photos, des
images, des vidéos et des textes via Internet. L’outil informatique
est donc utilisé pour intégrer les activités d’écriture
adaptées au niveau de l’enfant sourd.
Gérer l’hétérogénéité des
élèves face à l’écrit
Dans la classe, les enfants sourds ont des niveaux différents
face à l’écrit. Il convient, dans un premier temps, de les
évaluer à travers de petits exercices de production d’écrit.
Certains ont besoin d’aide pour écrire et d’autres se débrouillent
seuls.
Les productions de documents multimédias à l’école
sont multiples et correspondent à tous les niveaux des élèves.
Ainsi la correspondance scolaire via Internet est diversifiée :
tantôt les enfants privilégient le dessin annoté ou
le roman photos, tantôt ils rédigent les épisodes d’une
histoire.
Dans ce contexte, je propose trois activités :
4.3.4. La correspondance par “ chat ”
Communiquer en direct et en temps réel avec des entendants, c’est
possible grâce au « chat ».
Le « chat » permet d’initier les Sourds à la conversation
avec les entendants. Ils dialoguent ainsi sans préjugé, sans
problème de langue et pourtant en temps réel. Le «
chat » a sa propre langue mais aussi sa propre culture. On se ne
soucie pas des problèmes d’orthographe, mais bien au contraire on
va simplifier la langue écrite au maximum pour échanger le
maximum d’idées.
Le « chat », terme anglais, est souvent appelé «
tchache » en français. C’est dire qu’il s’agit d’une véritable
conversation, en direct, mais qui se fait par l’intermédiaire du
clavier, ... et d’Internet. Avec le « chat », les jeunes Sourds
sont amenés à conduire une véritable conversation
avec des entendants, en temps réel : envoi de messages, réponses,
... La communication est immédiate, les échanges fusent.
C’est ainsi que, contrairement à la messagerie électronique,
où la réponse au message peut être différée,
le « chat » conduit l’enfant sourd à engager une communication
spontanée avec son correspondant entendant.
J’utilise ici le terme de conversation parce qu’il s’agit bien d’un
“ parlé écrit ”. Eh oui, on écrit comme on parle !
Bien entendu il est hors de question de compter sur le « chat »
pour apprendre aux jeunes Sourds la syntaxe et l’orthographe : celles-ci
sont au contraire mises à rude épreuve.
Nous sommes en fait confrontés à une nouvelle forme linguistique
dont tout l’intérêt, outre le fait qu’elle donne aux jeunes
sourds et entendants un langage commun, est de développer la rapidité
intellectuelle et la spontanéité.
Mise en œuvre
Après avoir déterminé l’horaire de rendez-vous,
les enfants entament le dialogue.
Les élèves choisissent leur pseudonyme, drôle ou
sérieux, mais qui leur est personnel.
Un sujet de conversation est lancé, ce sera le “ sujet du jour
”, où chacun donne son point de vue.
Exploitation ultérieure du chat dans la lecture
Ces conversations sont enregistrées puis imprimées afin
d’exercer a posteriori un esprit critique. Je demande ensuite à
l’élève de lire ce qu’il vient d’écrire. Le «
chat » devient alors un écrit oralisant.
Pour les Sourds, il s’agit d’un entraînement à lire et
à parler.
4.3.5. Les apports de la correspondance par Internet pour les sourds
Acquisition d’un savoir-faire technologique
L’usage d'Internet permet aux jeunes Sourds de s’approprier, de façon
concrète et pratique, un outil de correspondance qui connaît
actuellement un développement exponentiel, un outil qu’ils peuvent
s’approprier par tâtonnement. Les élèves acquièrent
ainsi un savoir-faire multimédia :
4.4. Les moyens à mettre en œuvre
De manière générale, les communes fournissent le matériel informatique et en assurent le bon fonctionnement. Elles financent aussi l’aménagement des salles, les blindages des portes et la maintenance du matériel.
4.4.1. Le matériel informatique
Il n’est pas nécessaire d’avoir un ordinateur puissant. Toutefois, il faut privilégier le matériel récent avec un disque dur approprié pour y installer des logiciels de traitement de texte, pour télécharger des fichiers et pour contenir des informations vidéos et sonores. La présence d’une webcam est indispensable, notamment pour les prises de vue où l’enfant signe.
4.4.2. Les connexions Internet
La connexion à Internet suppose de souscrire un abonnement auprès
d’un fournisseur d’accès. Il existe de grandes différences
de tarifs d’un fournisseur à l’autre. Notons que la plupart des
abonnements ne comprennent pas les frais de communication.
Il vaut mieux demander l’avis d’un connaisseur auprès d’un «
point média conseil », lieu destiné à promouvoir
l’usage des techniques éducatives auprès des enseignants.
Il est bien pratique d’avoir son propre espace informatique dans la
classe.
A défaut, un projet solide peut conduire à une subvention
financière pour l’achat d’un ordinateur pour la classe.
L’emplacement doit être judicieux, accessible à tous,
sans provoquer d’encombrement.
Il faut prêter attention à l’emplacement des prises électriques
et faire appel à un technicien spécialisé dans les
normes de sécurité.
Si la connexion Internet ne peut se faire, faute de prise téléphonique,
l’envoi des e-mails ainsi que leur réception doit s’effectuer sur
un ordinateur extérieur.
En Seine-et-Marne, les écoles de Sourds sont privées et
financées par des associations.
Bien qu’Internet doive systématiquement être installé
dans les écoles publiques depuis l’an 2000, le statut des classes
de Sourds ne relève pas de ces dispositions.
Les budgets afférents ne sont donc pas prévus. On peut
alors se demander si la mise à disposition de personnel spécialisé
par l’Education Nationale ne pourrait s’accompagner d’une subvention pour
l’achat de matériel informatique dédié à Internet.
A titre d’illustration, j’ai sondé les écoles de Seine-et-Marne
accueillant les élèves sourds.
Ecole Primaire Montaigu (Melun)
Le budget de l’école primaire intégrée Montaigu
à Melun, est alloué par l’association « Langage et
Intégration ».
Le directeur, qui assure également les fonctions de gestionnaire,
dispose de 300.000 F d’investissement en matériel. De ce budget,
environ 20.000F sont affectés chaque année à l’achat
de matériel informatique. Dans ce contexte, les quatre classes d’élèves
sourds disposent chacune d’un ordinateur récent. En revanche, les
accès à Internet ne sont pas encore mis en place. Cependant,
des connexions Internet devraient être opérationnelles pour
la rentrée 2001.
Collège Saint-Louis (Lieusaint)
Le collège Saint–Louis à Lieusaint intègre trois
classes d’enfants sourds. Il reçoit annuellement des dotations du
Conseil Général et du Rectorat. Il disposait jusqu’à
présent de 20 ordinateurs.
Dans le cadre du projet “ 2000 ordinateurs en l’an 2000 ”, le Conseil
Général a décidé d’offrir 2.000 ordinateurs
répartis dans tous les collèges de Seine-et-Marne. Le collège
Saint-Louis vient ainsi de bénéficier de 13 postes Ceux-ci
sont reliés à Internet. Toutes les classes peuvent bénéficier
de l’outil informatique et d’Internet.
Ecole Laurent Clerc (Champs-sur-Marne)
A Champs-sur-Marne, les trois CLIS (Classe d’Intégration Scolaire),
option déficients auditifs de l’école Laurent Clerc, sont
gérées par l’association ADELC. (Association pour le
Développement de Laurent Clerc). Celle-ci a doté chaque classe
d’un ordinateur, d’une imprimante et de logiciels de lecture. Un ordinateur
est relié au réseau Internet et est équipé
d’un scanner. Malheureusement, l’association n’a pas prévu de budget
pour la maintenance. Ainsi des imprimantes en panne sont mises de côté
faute de réparation.
4.4.5. La formation des enseignants
Alors que l’informatique est devenue depuis longtemps un instrument
de travail indispensable pour la plupart des employés du secteur
tertiaire - presque tous disposent d’un micro-ordinateur individuel -,
son utilisation ne se généralise que plus lentement dans
le secteur de l’éducation.
Cette situation est logique : la pédagogie au quotidien dispose
de nombreux autres outils. De ce fait, beaucoup d’enseignants, faute d’une
utilisation régulière ou tout simplement d’intérêt
personnel, présentent des lacunes dans ce domaine. Or, nous vivons
aujourd’hui dans un monde où le multimédia prend une place
à la fois de plus en plus prépondérante mais aussi
de plus en plus banalisée : les plus jeunes manipulent bien souvent
la souris avant même le stylo. Les plus réfractaires devront
s’y mettre à leur tour, quitte à souffrir temporairement
d’une allergie qui, heureusement, disparaîtra bien vite une fois
l’outil informatique maîtrisé.
Bien sûr, il est plus facile de progresser en informatique et
dans le domaine de l'Internet quand on est soi-même passionné
et que l’on possède un ordinateur.
Rappelons que certains projets de classe ou d’école peuvent
faire appel à un intervenant en informatique.
A ce jour, les formations initiale et continue, ainsi que les animations
pédagogiques dispensées aux enseignants, comportent fréquemment
un volet relatif aux technologies de l’information. Pour soutenir cet effort
de modernisation entrepris, dès la rentrée 2000, chacune
de ces formations réservera un temps significatif à la pratique
de ces technologies pour un meilleur apprentissage dans le cadre disciplinaire
abordé.
Les stages et quelques réflexions personnelles m’ont permis de
préparer plusieurs activités pédagogiques et éducatives
pour les élèves sourds.
L’objectif est de placer ces enfants dans des situations stimulantes
d’apprentissage d’écrit en les mettant en correspondance avec des
enfants entendants.
Certes, sans tomber dans une utilisation exclusive d'Internet, les
TICE offrent une plus grande ouverture vers l’extérieur, favorisant
ainsi par la découverte, les situations d’échange, le dialogue,
l’accès à la citoyenneté et aux apprentissages.
Ce mémoire développe l’idée qu’Internet devient
un outil pédagogique pertinent dont l’enseignement spécialisé
devrait se saisir. Faire l’impasse sur cette nouvelle technologie reviendrait
à exclure davantage les élèves sourds de la société.
Dans ce contexte, le champ de l’adaptation et de l’intégration
scolaire auquel je souhaite contribuer doit rester innovant.
Le plan d’action résultant de ce mémoire constituera
la base de mon projet de classe pour la prochaine rentrée scolaire.
Ce sera alors l’occasion de confronter les idées à la réalité
du terrain. Cette future mise en situation suppose bien évidemment
un aménagement progressif, « en douceur », des activités
de correspondance. Enfin, elle devra surtout s’appuyer sur les échanges
avec mes futurs collègues enseignants afin de bénéficier
de leur expérience pédagogique.
Ouvrages
CARRIER Jean-Pierre, L’école et le multimédia, Hachette
Education, coll Ressources Formation, Paris, 2000
DEVAUCHELLE Bruno, Multimédiatiser l’école?, Hachette
Education, coll Pédagogies pour demain, Paris 1999
FUSTER Philippe, JEANNE Philippe, Se former à l’éducation
et à l’enseignement spécialisés, Bordas, Liège,
1999
MOREAU Yves, TOURNON Michel, L’informatique à l’école,
Bertrand Lacoste, coll Parcours didactiques l’école, Paris, 1999
VIROLLE Benoît, Psychologie de la surdité, DeBoeck Université,
Paris, 2000
Revues
Courrier de Suresnes, n°45, 1986
Guide pour les enseignants qui accueillent un élève sourds,
Handiscol, 2000
Les dossiers de l’ingénierie éducative, n°33, Décembre
2000, publication du C.N.D.P (Centre National de Documentation Pédagogique)
Les dossiers de l’ingénierie éducative, n°32, Octobre
2000, publication du C.N.D.P
Les dossiers de l’ingénierie éducative, n°24, décembre
1996, publication du C.N.D.P
Sites
smileys : http://www.freegaia.com/smil-class1.htm
netiquette: http://www-inf.enst.fr/~vercken/netiquette/
Dictionnaire web : http://www.webmag.fr/
Multimédia et pratique pédagogique :
http://perso.wanadoo.fr/patrick.naud/cafipemf3bis.htm
Institut Gustave Baguer : http://perso.wanadoo.fr/institut.baguer/
INTERNET : Réseau mondial d’ordinateur de toutes tailles interconnectés par le protocole IP (Internet Protocol)
ARPANET : (Anglais : Advanced Research Projects Agency NETwork). Le projet de défense américain à l'origine du développement de l'Internet (fin des années 60 et début 70). L'objectif consistait à construire un réseau informatique indestructible (en cas de bombe, attaque nucléaire, panne d'un serveur, etc.). Si l'une des liaisons est brisée, l'information transite par d'autres chemins (d'autres serveurs reliés au réseau) pour atteindre ses destinataires.
World Wide Web : A l'origine du développement d'Internet dans le grand public. Service Internet d'accés aux ressources du réseau à partir de liens hypertexte, des pointeurs sur lesquels il suffit de cliquer pour se connecter en toute simplicité sur d'autres serveurs ou pour accéder à une information spécifique
e-mail : courrier électronique sur Internet. Equivalents français : message électronique, courriel, Mél. Un message électronique parvient n'importe où dans le monde en quelques secondes ou minutes. De plus, le destinataire n'est pas obligé d'être présent pour recevoir le message car les messages sont stockés chez son fournisseur d'accès Internet
Internaute : utilisateur de l'internet.On rencontre aussi le terme " cybernaute ". (Journal officiel du 16 mars 1999 "Vocabulaire de l'informatique et de l'internet")
P.C. : (Personnal Computer). Ordinateur personnel. Nom donné à une génération d'ordinateurs conçue à l'origine pour être utilisée individuellement.
Web ; diminutif de World Wide Web
Cyberexclus : personne exclue de l’accès au réseau mondial que ce soit par manque de connaissance ou par manque de moyens, les deux allant souvent de pair.
Chat : de l’anglais «to chat » = bavarder. Sans traduction française satisfaisante. Une discussion en ligne en temps réel
Smileys : émoticons ou émoticônes. Suite de caractères exprimant une émotion, un sentiment (par exemple :-) pour la joie, :-( pour la tristesse, ;-) pour un clin d'œil...). Il faut pencher la tête vers la gauche pour les déchiffrer.
Webcam : Caméra fournissant des images en direct à un site Web, on parle aussi de Livecam ou de Netcam.